Jour 8


Jour 8 – Le courage d’être encore soi-même

Prendre le temps, être le temps, respirer le temps et bouger le temps.  Il est possible, dans la vie, de s’apitoyer sur une tonne de circonstances, de faits, de situations et de personnes.  Il est possible d’être constamment frustré, d’en vouloir à quelqu’un, de brasser des idées et des moments pour signifier notre mécontentement, notre impuissance.  Mais, en bout de ligne, est-ce que ça sert vraiment à quelque chose? Oui, bien sûr, dira-t-on; il est évident que chacune de ces mentions pourrait être propice à  »vider son sac », à se défouler, à expulser quelque chose qu’on n’arrive pas à tolérer à l’intérieur de soi.  Et c’est justifié.  Il y a tellement de possibilités de substituer le punching bag que l’on n’a pas dans son salon, généralement.

On peut donc se laisser aller là-dedans.  Fontaines de colères successives – toutes celles qui n’ont pas été exprimées au moment où on y aurait gagné – lancent leurs jets avec ferveur, dans la spontanéité de tous les accrochages non contrôlés, des surprises blessantes, des déceptions auxquelles on a eu l’impression de ne rien pouvoir changer.  Ça remue, ça choque, ça fait parfois pleurer, ça fatigue aussi.  On en trouve et on en trouve, des racines et des souvenirs qu’on évite, la plupart du temps, de repasser.  Ça dure.  Parfois une journée, parfois une semaine, un ou des mois.  Puis, un moment donné, on en a assez.

Là, je me retrouve.  Ce matin, je suis partie de chez moi avec les yeux un peu collés, une patience relativement intéressante à mon bras et l’esprit du moment (le présent).  J’ai eu une journée très occupée, susceptible de comporter des éléments de distortion.  Pourtant, j’étais calme.  Je n’avais pas bu de café, j’étais en retard, mes enfants se sentaient un peu bousculés…et on y est arrivées quand même.  La journée m’a paru simple, routinière, mais somme toute, agréable.  En soirée, j’aurais pu replonger dans le stress des stress, un espace que je connais très bien et qui m’invite souvent à coups de mal de tête (migraine).  Je l’ai boudé.  Cette fois, je me suis fait un breuvage chaud, j’ai complété mes tâches et j’ai endormi les enfants sans me sentir à bout de souffle.  J’ai plongé mes mains dans une grosse poche de terre à rempotage et ai consacré une bonne demi-heure à transplanter chacune des plantes perchées dans notre cuisine.  Les deux mains noircies, alternant cuillère, terre et eau, j’ai ressenti un plaisir fou.  L’espace de ce trente minutes, ma cuisine était devenue forêt.  J’avais l’impression de donner naissance en prenant les boutures, les insérant dans la terre et leur souhaitant une croissance en ampleur, entourées de leurs pairs en bord de fenêtre.  Je me gorgeais du vert des feuilles de chacune, les inspectant, les caressant, les observant comme de petits êtres magiques arrivés chez nous.  Ce soir, les mains dans la terre, j’ai souris.

Parfois, il peut y avoir des moyens simples de faire le tour de nos histoires embêtantes sans les nier, sans s’auto consumer et sans chercher à pousser dans une technique qui ne nous parle pas.  Cela me fait penser, encore une fois, à s’assumer.  Quand on lève le voile de cette colère et qu’on entre dans l’action, aussi mini soit-elle, il se passe quelque chose.  On se sent tout à coup moins fatigué, plus solide face à ce qui suivra, plus calme aussi.  On peut rêver encore, on peut être près de son corps, de son lien avec la Terre.  On se trouve une part d’émerveillement et d’optimisme propres à surprendre.

On peut éviter la colère à tout prix.   On ne peut cependant pas nier qu’elle existe.  Elle fait partie de nos schèmes de réalité.   Mais maudit que c’est bon quand on passe à d’autres choses!

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