Jour 10 – Le loup

Jour 10

Quand on marche dans la montagne, on rencontre des surprises.  Il appert que l’on planifie parfois un itinéraire qui ne se présente pas tout à fait comme on l’avait prévu.  Aujourd’hui, j’ai rencontré le loup.  Un face à face.  Entourée de corneilles.

J’y fais référence au sens symbolique, oui, avec la force et les traits caractéristiques que ceux-ci apportent avec eux.  Entre ville et nature, dans ces moments où émotivité et équilibre se rencontrent, il se crée des espaces qu’on appelle, chez certains peuples, sacrés. C’est un lieu où l’on offre nos sourires, nos larmes, nos pensées, nos prières à la nature.  Un temps où l’on se donne le droit de contempler et d’écouter ce qui nous environne sans égard pour l’heure.  Il est de ces instants dont on se souviendra toute notre vie en raison de leur simplicité et de nos lâcher prise sur ce que nous n’arrivons pas à comprendre.  Écouter la nature, écouter les feuilles, les oiseaux, l’écureuil perché dans les branches environnantes; écouter celui ou celle qui marche à nos côtés, qui pose la main sur notre épaule, qui se veut présent alors qu’on ne s’y attend pas.  Il se découvre des trésors à même la présence que l’on se permet de vivre, seul et accompagné.

Le loup est maître; il incarne le sage qui, bien qu’il nous effraie ou nous fasse réagir en raison de ses instincts, de ses élans et de sa rapidité d’action, impressionne par sa stature, par sa vibrante présence.  Quand on rencontre le loup, on peut l’entendre respirer, sentir son allure, son souffle, son invitation à avancer un peu plus.  Il arrive qu’il nous voisine.  Il arrive qu’il nous habite.  À tout coup, c’est un regard sur une nouvelle étape au coeur de soi.  Elle implique l’immobilité.  Elle implique le mouvement.  Et loin de s’opposer en contradiction, ces états se côtoient en alternance,  témoins de la synchronisation qui s’opère à différents niveaux.  Immobile, à l’écoute, aux aguets.  En mouvement, dans l’action, souple et feutré à la fois.

Autour, les corneilles s’écrient que la terre est bonne et qu’il est temps qu’on y pose ses mains.  Concrètement, la corneille affiche le passage entre les mondes, elle ressent le pouls entre les dimensions.  C’est un appel à traverser nos limites, à insuffler dans notre réalité un peu de cette transcendance, de cette magie à créer et transposer dans le moment le rêve que l’on s’est permis d’imaginer.  La corneillle apporte avec elle un rappel: nous ne sommes jamais seuls.

Ainsi, entre les herbes hautes et les sentiers plus ou moins dessinés, on reconnait un chemin où il est toujours possible de se retrouver avec soi et de marcher vers des retrouvailles avec l’autre.  On peut s’accrocher, on peut s’écorcher, se sentir perdu.  Pourtant, on finit par retracer quelque chose de frais, comme des traces que l’on apprend à reconnaître.  Il peut éventuellement nous sembler familier, le parcours.  Prendre des airs d’étoile.  Prendre des airs de maison.  Et trouver finalement, de ciel en regard, la petite lumière.

Qui a dit que la forêt était sombre?

* Référents: La photo du matin avant que j’entreprenne  »la marche » (remous d’émotions) et la photo du soir, au retour (après la rencontre).

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