In my shoes – Dans mes souliers

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À mes étudiants et, peut-être, à quelques adultes aussi – Le tutoiement sera ici employé à titre général.

Il arrive qu’on se demande pourquoi certaines personnes choisissent de bouger, de faire du sport, de profiter du grand air.  Par exemple, de courir.   J’emploie cet exemple-là parce que la course fait partie de ma routine.  J’ai décidé de lui donner une place dans mon horaire, au fil du temps;  j’y tiens beaucoup, comme à tout ce qui me permet de bouger et d’être dehors.  J’y reviendrai tout à l’heure.

Pour faire simple, j’avais envie de te dire qu’il y a TOUJOURS une façon de choisir d’avancer.  De trouver quelque chose de positif et, même si ça peut sembler vraiment difficile, de croire que tu peux y arriver et que tu as ce qu’il te faut, à l’intérieur.

Je ne suis pas parfaite et j’ai encore beaucoup à apprendre de la vie.  Je n’ai moi-même pas toutes les réponses aux questions que je me pose.  Pourtant, j’ai le souhait de continuer ma route.  Sans m’étendre sur le sujet, je peux te dire qu’il y a de nombreuses années, j’ai failli perdre mon père, puis, quelques temps après, ma mère, chacun d’entre eux ayant envisagé d’en finir avec la vie. Adolescente et jeune adulte, prise par une montagne d’émotions et ne sachant pas comment gérer le tout, j’ai moi-même vécu l’anorexie.  Les années passant, mon frère et éventuellement ma sœur sont passés à l’acte (ils se sont suicidés).  Puis, adulte, j’ai vécu deux grossesses où j’ai failli perdre mes enfants lors d’accouchements impromptus et pour le moins inusités.  J’ai constamment été déstabilisée, me relocalisant, puis reconstruisant, un jour à la fois. Et j’en passe!

Je sais bien que cela peut sembler étrange, cependant, je peux te dire que ces difficultés m’ont certainement encouragée à me faire confiance et à choisir de me connaître et de prendre soin de moi, pour de vrai.  Elles m’ont aussi rappelée à mes rêves, à ce que je suis, à être capable de déterminer mes besoins et  les exprimer.  J’y travaille encore.  Et je grandis encore.

C’est comme ça que j’en suis venue à me redonner du temps pour bouger et, en l’occurrence, pour courir.  Pourquoi? Parce que…

…ça me fait plaisir et ça me fait du bien

…j’ai la chance inouïe d’avoir un corps relativement en santé, de pouvoir me déplacer et d’être libre de mes mouvements

…j’ai le sentiment de me donner un temps pour moi, de prendre soin de moi

…j’aime être dehors, m’émerveiller en nature et  observer ce qui m’entoure

…j’adore partager ces moments avec d’autres

…je me sens comblée lorsque je peux m’y mettre

…ça me permet de méditer, de me défouler, d’avoir de l’inspiration ou encore d’être attentive, tout simplement, à ma respiration et à mes mouvements

…ça nourrit mon goût de l’aventure et de découvertes

…ça me permet de me dépasser, de me fixer des objectifs concrets

…ça me permet d’aborder les défis avec optimisme, patience et résilience aussi

…ça nourrit mes rêves

…ça m’aide à mieux voir ce que je suis en mesure d’accomplir, à y croire et à dire oui

…ça me permet de mieux me connaître

…ça me confronte à mes limites

…ça me donne le goût de me réveiller le matin, de me lever et d’en profiter

…je me sens irrésistiblement attirée lorsque je vois tout ce qu’on peut expérimenter et vivre dans ces domaines

…etc!

J’ai déjà dit à l’une de mes étudiantes que la création – l’art – m’avait sauvé la vie.  De même, bouger, être dehors et courir alimentent mon goût pour cette vie.  Tu ne t’en rends peut-être pas encore compte, mais elle passe vite.  Vraiment.

Prends soin de toi.

 

Mon petit Trail des Neiges – Orford

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Nous étions sur la montagne, il y a maintenant deux semaines, en vue de compléter un des deux parcours du Trail des Neiges, chez nous, à Orford.  Je m’étais dit que les mots n’étaient pas trop au rendez-vous et pourtant, alors que le printemps prend le dessus sur l’hiver, je pense à cette soirée de course en me disant qu’elle était tout de même mémorable.

La température et les coureurs étaient tout sourire.  Certains, comme moi, semblaient plus nerveux, alors que d’autres se préparaient avec aisance.  Tout  y était : une organisation de feu, des montagnes en neige et en glace (eh, oui!), un ciel bleu, complètement dégagé, des bénévoles et une foule aux airs de famille et l’anticipation d’un retour qui serait, à coup sûr, bien célébré.

À quelques minutes de notre départ, je me demandais encore si mes pieds accepteraient de courir; blessée depuis quelques semaines, j’avais envisagé prendre congé, mais le plaisir de me retrouver plongée au cœur de nos montées, de nos descentes et entourée des arbres givrés m’avait convaincue d’avancer.  La dernière course de l’hiver.  Les derniers couchers de soleil rougeoyants, contrastant avec le blanc d’une neige qui s’étendait sur des kilomètres à fouler.   Entourée de  ma famille d’amis, j’entendais une chanson que je m’étais repassée en boucle. « Take me home ».  C’est là que je m’en allais.  À la maison.  Dans la montagne.

Le décompte du départ, donné en sept secondes, nous avait propulsés vers la première de nos trois montées, celles qui nous feraient visiter les trois sommets  que comptait le parcours.  Certains s’étaient élancés en skimo, d’autres en raquettes et d’autres encore, comme moi, en crampons.  Prise par le souci de l’impact de la course sur mes pieds, je me sentais fatiguée.  Comme une balade, « Take me home »  me réconciliait avec la douceur et accompagnait le parcours, magnifique, bordé de blanc et peuplé de nos couleurs à nous, gens de tous acabits.

J’y étais allée modérément.  Parcourant le tracé et les pistes en ronde-bosse, je m’étais sentie chez moi.  J’en avais profité. De sommet en sommet,  la glace invitait à la vigilance et la descente me faisait vibrer de plaisir. La troisième ascension, comme un cadeau, offrait un parcours soutenu et moins abrupt.  Les vallons semblaient plus espacés et, à mes yeux,  le calme se faisait davantage sentir.  Le retour, bien arrosé en lumière et en sourires, avait été rapide.

Ce soir-là, je n’ai pas atteint le rythme de croisière anticipé.   Curieusement, les montées comme les descentes  se sont tout de même cumulées plus facilement que je ne le croyais et je me suis retrouvée, en fin de parcours, au coucher d’un soleil flamboyant, surprise par le fait d’y être arrivée…les deux pieds relativement épargnés.

Baignée dans l’atmosphère d’une soirée toute simple et riche en beaux moments, j’ai réalisé, encore une fois, que nous étions choyés.   Je me suis aussi dit que le trajet de mon petit Trail des Neiges ne comptait pas que trois sommets : il fallait y inclure chacune des journées au cours desquelles j’avais eu  l’opportunité de m’entraîner, de l’apprécier, de partager avec d’autres, parfois,  la joie d’être dehors, d’avoir chaud et froid, de bouger, de sentir que nous avancions en entendant, quelque part « Take me home ».

Enfin, je me suis rappelé que l’événement – le moment où l’on se joint à la course –  qu’il soit bref ou long en parcours,  représente le bonus, le cadeau ou la « cerise sur le sundae », comme on le dit si bien chez nous.  Nous l’avons préparé, anticipé et nous sommes lancés avec, chacun et chacune, notre bagage et nos aspirations.  Il fera partie de nos souvenirs.  Et, chaque fois, nous aurons appris.  Nous aurons appris de la montagne, du sentier, de la route, des coureurs, des organisateurs, des bénévoles, des gens qui nous accompagnent et qui nous encouragent.  Courir, à tout coup, c’est choisir de grandir.  À l’intérieur.  Être à la maison.

Merci, Endurance Aventure, pour ce Trail des Neiges, édition 2017!