Crédit photo: Sylvie Leduc, Québec Méga Trail 2017
J’habite dans la région de Magog-Orford. J’y ai atterri, il y a trois ans, après avoir voyagé et déménagé la majeure partie de ma vie. Je m’y suis sentie chez moi; j’ai eu un coup de coeur. Samedi dernier, j’ai eu « un coup de montagne »!
Québec Méga Trail. Québec Méga Trail. Québec Méga Trail. J’en avais entendu parler. Je l’avais vu sur le web. Ça repassait en boucle sur Facebook et mes amis, que j’adore, m’y avait invitée. Comme j’avais complété mon premier 50km en compétition – avec un dossard – l’an dernier, je me suis dit que l’opportunité était parfaite pour un deuxième ultra dans le genre. C’était vrai. Et c’était aussi exigeant.
Oh my God! (OMG pour faire plus court)
J’avais lu que le 10km était un parcours à faire vomir. Un coureur de ce samedi a d’ailleurs commenté sa course en écrivant que « ça n’était pas pour les chochottes ». Ça fait sourire. Et aussi repenser au trajet complété. J’ai l’impression qu’en général, sur un trajet de près de 50 km, on se dit qu’on n’a pas vraiment envie de vomir, qu’on aimerait avancer sans, mais il était logique de se demander de quoi ça aurait l’air. En fait, je ne me suis pas trop posé la question. J’ai choisi de m’inscrire, j’ai demandé conseil aux expérimentés – Anne et Luc – et j’ai pris le temps de m’asseoir, la veille de l’événement, pour écouter ma gang de coureurs qui faisait le point sur le trajet, le dénivelé, les ravitaillements et l’estimation du temps de course. Calée sur ma chaise, en pyjama, j’écoutais attentivement, tout en déconnectant des stress de la semaine, de la fatigue (déménagement, enfants, emploi). J’étais dans ma bulle, comme on dit.
Au réveil, à 5h45, ben…j’avais déjà l’esprit au travail depuis quelques heures! J’avais rêvé à la course et je m’étais réveillée au moins quatre fois pendant la nuit. J’avais hâte. Entourée de coéquipières et d’un coéquipier, je me suis activée pour être prête et prendre le départ du 48 (qui tournait plus autour du 50)km du QUÉBEC MÉGA TRAIL. Nous étions 160.
À 8h15, le signal avait été donné. C’était un départ pour une belle montée de plus de 5km dans La Libériste, accompagnée du chant des chiens ou des loups au passage. Une montée en « garnotte » (gravier-grosses pierres), de magnifiques sous-bois, de beaux segments en single track. Une forêt qu’il faisait plaisir de découvrir. De part et d’autres, ça jasait. Ça parlait des racines, de la boue, du rythme. J’entendais aussi une clochette, accrochée au sac d’un coureur. Dling, dling, dling dling. Monter la côte, tourner, essayer d’éviter un peu les trous de bouette et s’envoler sur le parcours. Ralentir, accélérer, sauter, sautiller et rire d’être là, entourée de gars, plongée dans le défi.
Parenthèse: il y avait, bien entendu, d’autres filles, mais je n’en ai croisé que deux sur 50 km, dont Hélène Dumais, une aventurière fort inspirante. Déjà, au cours des premiers 25 km, la vue d’un ravitaillement était presque comme l’apparition d’un oasis – il faisait chaud, chaud, chaud! Ayant au poignet une petite montre à aiguilles, je n’avais aucune idée de la cadence ou de l’intensité; j’avançais. Je ressentais. Et quand l’aiguille de ma montre arrivait à 15, je me disais qu’il était temps d’avaler quelque chose.
À la mi parcours, de retour au pied de la montagne, j’ai essayé de verser de l’eau dans ma bouteille, tremblotant un tantinet, puis une précieuse amie – Carmen – est apparue et a pris le relais, accélérant le processus, à mon grand plaisir: j’allais enfin monter La Crête. Je pourrais aussi écrire La CRÊTEEEEEEEEEEE! Je pense que ceux et celles qui l’ont marché samedi (je doute que quelqu’un l’ait courue) sont en mesure de comprendre. Monter une pente d’une inclinaison de plus de 30 degrés, pendant plus de trois kilomètres, à environ 31 degrés C avec humidex, c’était une expérience. C’est ce que j’entendais par « coup de montagne ». À tous ceux et celles qui ont la chance de s’entraîner là: wow! Un incroyable terrain de jeu!
Rendue en haut en haut, il fallait redescendre. Des randonneurs, un magnifique point de vue et un beau sentier verdoyant m’ont à nouveau fait sourire. La piscine n’était plus qu’à 25 km! Descendre, monter un peu, demander à un coureur qui tombe si ça va, avoir mal, tomber à mon tour, observer le paysage pour une seconde fois, puis entendre le bruissement de l’eau. La hanche me tiraillait et pourtant, en croquant mon arnica, je me disais que tout allait bien. J’avais l’impression d’entendre mes amis et une de mes coach m’encourager. Je pensais aux autres coureurs, aussi plongés dans l’aventure.
Km 19! On entendait l’eau de plus en plus fort. Les coureurs se faisaient rare. J’ai croisé, je crois, quelques participants du 25 km, progressant à leur rythme, en discutant et en riant. La foulée s’allongeait avec la descente. Je reconnaissais les tournants, les racines et les panneaux du parcours. FINISH, par là! Go, go, go Isabelle! Une forêt tout aussi particulière et…la rivière!
J’en avais rêvé. Sur la rive, j’avais rejoins le coureur juste devant moi, lequel se demandait quelle ligne emprunter pour traverser. La ligne, c’était le bain, alors il fallait y aller. Ce que nous avons fait, ma foi, assez vivement. Premier passage dans Jean Larose. Très rapidement, le deuxième tronçon de rivière, plus dense, est apparu. J’en ai profité pour m’asperger jusqu’aux sourcils, puis j’en suis sortie…avec les orteils figés. Ayoye! J’ai complété les derniers deux kilomètres (ou à peu près) avec les orteils congelés et la sensation d’avoir des pieds en pierre, plongés dans des sacs d’eau qui faisaient « squich, squich » (en l’occurence, mes espadrilles). Un pan d’asphalte, quelques cônes une petite montée et la vision d’un coureur au profil allongé. Un coéquipier! Alain, c’est son nom, m’a guidée vers la dernière descente, me permettant de me concentrer sur la décongélation de mes pieds, occasionnant un inconfort assez vif. Au terme de la seule et unique minuscule montée restante, juste avant l’arrivée, j’ai reçu un autre cadeau: l’incroyable son dégagé par ma gang, mes coéquipières, tous sourires. J’en ai eu les larmes aux yeux. Je me suis d’ailleurs dit « câline qu’on est chanceux et chanceuses de pouvoir vivre ça« !
50km, c’est 50km. J’en retiens que ce parcours-là est rempli d’apprentissages et de moments forts. Je me prépare pour de plus longues distances et pourtant, si quelqu’un me demandait ce que j’en pense, eh bien, j’aurais envie de dire, en bon québécois, « attache ta tuque parce que le Québec Méga Trail, ça décoiffe »!
Il faut croire que j’aime beaucoup être ébouriffée;)!
Un énorme merci à Carmen et Alain, Chantale et Richard, Sophie et Josée, les deux Anne, championnes, Sylvie, Luc, Bernice, les amis du Club, Justin, athlète et ostéopathe incroyable, à tous les membres de l’organisation, à tous les coureurs, les habitués comme les nouveaux, à tous ceux que je pourrais oublier et à ceux qui m’ont encouragée.
Et un gros clin d’oeil à mes deux cocottes, qui m’ont félicité au bout du fil comme si elles y étaient. Je vous aime fort.
À la prochaine aventure!
L’équipe du Club de Trail!
Le podium