La confiance, pour petits et grands

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À la maison, j’ai deux poulettes.  Elles sont géniales, incroyables et viennent tout juste de franchir le cap d’une nouvelle année scolaire.  Eh, oui, dans mon coin, les établissements scolaires ouvraient leurs portes aux élèves le 24 août!  Entourées d’autres centaines d’élèves, elles ont investit l’école avec leurs appréhensions, leurs hésitations et tout de même une petite hâte.

Je me suis donc penchée, ces derniers jours, sur ce qui nous pousse à grandir, à être, encore et encore.  J’en suis venue au fait que de nombreux ingrédients faisaient partie de la recette…ou du mélange, pour ceux qui inventent la leur!

On pourrait entre autres parler de passion.  Une passion peut représenter toutes sortes de choses, comme une occupation ou une activité qui nous nourrit et qui nous propulse à avancer, de jour en jour. À mes yeux, c’est ce qui nous fait scintiller, qui dessine à nos visages de grands, grands sourires. Par exemple, chez moi, courir et créer font partie des passions vivantes.

Parenthèse: j’ai un parcours de vie atypique, un parcours professionnel étrange, une famille encore atypique et un mode d’entrainement tout aussi particulier. Je suis une personne insécure et, curieusement (ou évidemment, c’est selon), j’arrive souvent à me mettre dans des situations qui éveillent ou qui alimentent cette insécurité.  Beaucoup de gens voient chez moi le calme; ils en sont rassurés.  Quand on m’en parle, je souris et je me dis que ça doit faire partie de ce que j’ai développé pour apprendre à gérer l’intensité…de la vie.  À l’intérieur, je ne me sens pas toujours aussi calme qu’il n’y parait.  J’y travaille.

Mes enfants – deux grandes filles- n’aiment pas nécessairement la course autant que moi, mais elles me font le cadeau d’y participer, indirectement, et de s’y intéresser.  Je me dis que nos quotidiens, en tant qu’adultes, peuvent inspirer nos jeunes, alors j’espère leur offrir des images ou un exemple qui pourraient un jour les aiguiller sur des pistes.  Mes filles et moi sommes bien différentes, cependant, elles auront aussi à marcher leur chemin et à cultiver ce qui les rend heureuses, ce qui leur permet de ressentir le bonheur d’être ici. Comme toute jeunesse qui pousse, elles apprendront à se connaître davantage, à faire face aux défis, à choisir. Pour plusieurs, cela va de soi et semble tout simple; pour d’autres, c’est une aventure.

C’est dans cet esprit que je me suis arrêtée aux chemins qu’on prend et à la confiance qui se construit.  À près de quarante ans, j’ai tout juste l’impression de poser les bases de ma structure, d’apprendre à cultiver cette confiance.  J’aime ce qui est sauvage, les sentiers, la forêt, la Nature dans sa globalité comme dans les détails; j’aime créer, j’aime écouter et transmettre l’inspiration; j’ai toujours voulu parcourir et découvrir la planète à pieds.  Petit à petit – pocco a pocco, comme on dit en espagnol, j’avance et ça fait partie de ma folie, comme de celle de ceux et celles qui s’y retrouveront peut-être.  Je partage, avec mes enfants et mes amis, des morceaux de celle-ci.  Prendre le temps de faire confiance est un grand pas.  Je crois que peu importent les idées qui naissent et qui fleurissent, qu’elles soient cueillies ou pas par la suite, elles sont légitimes.  Elles font la paire avec les rêves.

Le parcours, qui ne se présente pas toujours comme un sentier bien balisé, peut s’avérer rempli de belles surprises, tout comme il risque d’offrir des moments ou des circonstances qui font douter.  Ce que je me répète, c’est qu’on peut toujours parvenir au fil d’arrivée.  Peut-être que le secret, c’est de trouver à quel rythme on l’atteindra.  Le comment, il est possible qu’on ne se l’explique pas et parfois, il faut être indulgent avec soi-même.  Qu’on se sente patient ou intenable, le temps passe.  Un pas à la fois, on ne peut que finir par avancer.

Plus d’une fois, lors d’un entraînement, j’ai entendu dire que le défi d’une course relevait entre autres du fait de parvenir à « faire sa course » et non « celle d’un autre », en d’autres termes, de réussir à trouver son rythme, avancer avec et laisser les autres aller à leur cadence à eux, laquelle ne sera pas nécessairement la même que la nôtre.   Je crois que c’est une pensée à laquelle il est gagnant de coller et  bien que je me remette régulièrement en question, je l’apprécie.

Enfin, je crois que l’une des clés, tant pour l’année que pour la vie entière (rien que ça!), pourrait être de consacrer du temps et de l’énergie à l’activité ou à l’occupation qui permet de se rendre compte et de nourrir le fait qu’on peut y arriver, aller jusqu’au bout, et s’approprier sa réussite. La partager.  Un rappel pour tous les âges – je m’y inclus!

Surtout, à continuer d’activer: le sentiment qui dit que tout est possible…dans la mesure où l’on est à l’écoute, où l’on y croit.  C’est là que ça scintille, comme les bottines de mes filles!

Et je vous le dit, celles-là, on ne peut pas les rater (elles brillent beaucoup, beaucoup, beaucoup)!

Je n’ai pas pu m’empêcher d’essayer!

 

Trans Vallée 2017

 Trans Vallée 2017

sous le signe de l’humilité

Crédit photo: Sylvie Leduc

Une incroyable forêt, un site entouré d’un cours d’eau qui appelle l’énergie, des gens de tous âges.  Des coureurs aux horizons variés, aux objectifs et aux désirs nombreux; ils sont là, prêts et moins prêts, à se lancer dans la nature, envers et presque contre tout.

Même avec la pluie, le paysage de la Vallée Bras-du-Nord, comme les sourires des bénévoles, impressionnent.  Je n’ai pas consulté la météo.  J’ai apporté une panoplie de vêtements, l’équipement nécessaire, des souliers de course, mes enfants et mes amis dans le cœur.  En me préparant, la semaine dernière, j’ai eu peur.  Peur de ne pas être prête, de ne pas être assez en forme, peur de me sentir épuisée.  J’ai discuté avec la peur et j’ai décidé d’y aller quand même.  Je l’ai vue, comme le stress, sur le visage de certains coureurs, me rappelant le trac avant la levée du rideau.

Pendant ce weekend, plusieurs combinaisons de parcours étaient offerts aux amoureux de la course en sentier – la trail, comme on dit – permettant de varier les distances, le dénivelé, la vue (le paysage) et la quantité de boue accumulée sur ou dans les souliers.  On pouvait être plus ou moins choyés en alternant le rythme partagé avec d’autres coureurs.  Je me souviens des jambes et des cuissards de ceux et celles qui avançaient tout près, comme de la clochette de celui qu’on avait surnommé le berger (François, appris-je en cours de route) et de l’ouverture de Marie-Pierre, que j’avais croisée, ailleurs, l’an dernier, et qui impressionnait.

La nature offrait des paysages impressionnants, des ravitaillements salvateurs (eh oui, les bénévoles étaient parvenus à se rendre jusque-là) – j’y ai d’ailleurs découvert les bienfaits du Coke…je ne le dirai pas à mes enfants! –  et des moments qui appellent l’endurance, la résilience ou le courage (peut-être même les trois à la fois).  En passant sur des passerelles submergées par l’eau environnante, nettoyant toutes les chaussures aussi rapidement qu’elles avaient été durcies par la terre, rafraîchissant les pieds, j’ai ressenti le plaisir d’être dehors, dans un espace sauvage, avec l’envie d’en profiter, peu importe les conditions.   Tous les parcours étaient authentiques, gorgés de pierres, de racines, de verdure, de pentes qui montent et qui descendent, de trous et de buttes.  Dans le milieu de la course en sentier, on appelle ça « technique ».  Moi, j’appelle ça « la vraie nature ».  Et c’est ce que je préfère.

J’ai vu les gens sur le fil de départ et à la ligne d’arrivée – un peu moins bien pendant la course de nuit, bien entendu, mais les timbres de voix m’étaient devenus familiers.  À chacune des journées (vendredi, samedi et dimanche), on pouvait déceler la fébrilité et l’esprit qui habitait autant les lieux que les coureurs.

Être présente sur le trajet de vendredi soir, lampe frontale allumée, croisant des bâtons lumineux, des sourires, des jasettes et des souffles coupés, c’était particulier.  Les coureurs, selon leur choix de parcours, avaient trois ou quatre boucles à compléter (10 ou 15km), et je n’ai pu m’empêcher de sourire en pendant au fait qu’il me fallait faire attention pour bien compter les miennes (il faut savoir qu’un trajet en boucles peut demander beaucoup de concentration)!  J’ai complété le parcours, comme tous les autres lumineux, heureuse, mais avec un gros mal de ventre.  J’en aurai d’ailleurs fait une bonne partie de mon histoire de la fin de semaine, consacrant la nuit de vendredi à me tourner et retourner dans mon sac de couchage (quand je ne faisais pas des allers-retours à la toilette), un tenace indigestion au ventre.

Samedi matin, deux départs s’offraient : le 38 km et le 10km.  J’avais pris l’autobus, la navette qui nous conduisait au départ du 38km, le cœur sur la flotte et le ventre à l’envers.   Je me sentais vidée avant même d’avoir commencé et pourtant, j’y suis allée (Advil et cie en bouche).  Ce parcours aura été celui qui m’a poussée à avancer, même découragée par la douleur. Je m’y suis foulé la cheville, entre deux virages. J’ai pleuré une crampe en marchant sur un chemin de terre, alors que je souhaitais courir à fond de train, j’ai ralenti, parce qu’il le fallait. La forêt s’étalait de tout son long et de haut en bas; j’admirais sa force.  C’était un trajet qui pouvait écorcher et qui appelait la patience.  L’accueil des bénévoles, ici et là, était un cadeau.  Franchir la ligne d’arrivée, un accomplissement en soi.  La rivière, une résurrection…pour de vrai!

À mi-temps, nombreux étaient ceux et celles qui mangeaient, sur le site, un excellent repas ayant été planifié le samedi soir.  Réfugiée dans un chalet, j’avais partagé ce moment avec plusieurs amis, tous aussi attentionnés les uns que les autres. Je leur dois d’ailleurs une bonne nuit de sommeil.

Les autres coureurs m’impressionnent toujours, les nouveaux comme les expérimentés.  La nature, elle, m’ébahit.  C’est dans cet esprit que j’ai pris le départ de la course du dimanche matin (21km, qui s’avérait être 37 pour ceux et celles enregistrés au Trans Vallée X), observant Anne, coureuse de renom, s’élancer sur le sentier.  Elle était partie à plein régime et le mouvement s’était enclenché. Tout semblait aller très vite.  Nous étions, je crois, plus d’une centaine et, en y additionnant la cinquante de coureurs du 37 km, que nous croisions en chemin, j’en avais conclu que nous formions un gros troupeau. J’entendais la clochette du berger (François) et je progressais, entourée de quelques coureurs.  Le trajet, qui montait, montait, montait et redescendait parfois, m’aura appris à apprécier le fait de courir en sandwich (avec un ou des coureur(s) devant et derrière moi).  Je me concentrais sur le rythme, sur mon souffle et sur la clochette, tout en tenant d’éviter de cracher ou de me moucher sur quelqu’un d’autre que moi.  Eh, oui…!  Les indices de temps et de kilométrage me rappelaient que nous approchions du fil d’arrivée et que je commençais à ressentir la faim (deux jours plus tard!).

J’ai franchi le dernier kilomètre, enveloppée par les encouragements des passants, des bénévoles et de quelques coureurs, absorbée par la proximité de la rivière et par mon besoin d’y plonger.  Je me suis arrêtée au noyau formé par mes amis, tous sourires.  La chaleur, les câlins et les photos pleuvaient.  Trans Vallée complété.

Enfin, je me sens encore dans l’émotion des trois derniers jours et surtout, submergée par l’admiration et l’inspiration de ces quelques centaines d’athlètes qui ont osé poser le pied sur un ou plusieurs départs, avec tous les risques et tous les plaisirs envisageables.  C’est plus qu’une aventure et je crois que celle-là, il faut vraiment la vivre pour la saisir.

Je lève encore mon chapeau aux assoiffés de la course en forêt, aux trailrunners et à tous ceux et celles qui les entourent.  Il faut être un peu fou pour aimer ça!

Merci encore à Annie, Anne L., Sylvie, Noémie, Carmen et Alain, Isabelle M., Bernice, Normand, Brigitte et François, Anne R., Sophie et Josée, Laurence et Charlélie, Justin et Geneviève, Izna et Arielle ainsi qu’à tous ceux et celles qui sont là, de près ou de loin. Votre exemple, votre présence, votre aide et votre accompagnement sont un précieux cadeau.

Merci à tous les bénévoles et aux organisateurs : nous avons été plusieurs centaines à être choyés et transportés dans l’aventure.  C’était bien 100% pur trail!

Joyeux dixième anniversaire!


Première femme au cumulatif, toutes catégories confondues,   Crédit photo: Sylvie Leduc

 

 

5 Peaks Québec à Coaticook, édition 2017

5 Peaks Québec, Coaticook, édition 2017

Attablée au soleil, en après-midi, alors que les coureurs et la pluie étaient repartis, j’ai rapidement fait le bilan d’une course à laquelle j’ai offert mes yeux, mes mains et ma voix, à défaut d’y investir mes jambes!

Nous étions plusieurs sur le parcours.  Qu’on parle de bénévoles, de coureurs ou de randonneurs, nombreux ont été les piétineurs de sentier ce matin-là.  La pluie n’avait arrêté personne – enfin, c’est ce que je me suis dit – et le départ avait vraisemblablement été pris avec beaucoup d’ardeur, puisque de l’endroit où je me trouvais, une intersection cruciale sur le parcours (j’y reviendrai), accompagnée de mes deux enfants-tonnerre, tous arrivaient en trombe, dans la mesure où il le pouvaient, compte tenu du fait que l’une des premières montées qu’ils venaient de compléter leur demandait de reprendre leur souffle et leur rythme.  Il va sans dire que les degrés de sourire, à ce stade, étaient variables; on pouvait déchiffrer l’effort, la volonté et la détermination dans les visages.  Je n’ai pas beaucoup observé les jambes, puisque je m’efforçais d’encourager et de soutenir le passage de chacun, mais d’expérience, je crois qu’elles étaient plus que sollicitées.  J’irais même jusqu’à dire que certaines d’entre elles frôlaient la raideur reliée à la sollicitation active des muscles en service!

Comme on le dit si bien, après la pluie vient le beau temps.  C’est effectivement ce qui s’est produit dimanche dernier, alors que certains se préparaient peut-être à courir sous une pluie diluvienne pour une dizaine ou encore une vingtaine de kilomètres.  Lorsqu’on court et que la chaleur nous envahit, la pluie est salvatrice – elle nous sauve!  Lorsqu’on encourage les coureurs, elle nous rappelle qu’il ne fait pas toujours chaud et qu’il peut être bon de faire semblant de courir un peu nous aussi pour activer le potentiel de chaleur.  On parle ici de patience…et d’admiration pour ceux et celles qui sont en plein élan.

Enfin, être la fille de la première intersection en forêt, celle qui pouvait porter à confusion, permet aussi de faire de son statut de bénévole un job à risque.  J’aime autant prendre des risques qu’être ébouriffée…et ce n’est pas peu dire!  En l’occurrence, j’ai accidentellement conduit cinq participants à compléter un parcours inédit : le 8 km (je m’en excuse à Joel, entre autres!).  J’en ai été remuée pendant un moment – voir la photo ci-bas -, puis me suis rappelée à l’ordre en entendant les enfants se chamailler au loin, entourés de randonneurs, de chiens et enfin, de soleil!  J’ai même félicité un participant pour avoir complété sa deuxième boucle (la deuxième boucle du deuxième tour), lequel a utilisé son souffle pour me mentionner que c’était, en fait, la quatrième.  Il avait raison : je n’avais pas mis de dossard, en ce dimanche matin, mais je savais bien que la demande en énergie était grandissante, de boucle en boucle.  Ils avaient de quoi être fiers.  Pour certains, le nombre de kilomètres représentait un grand défi.  Pour d’autres, il pouvait s’agir du dénivelé, de la vitesse de croisière, de l’efficacité ou simplement de courir en sentier, entre roches et racines.  Une aventure dans la grosse et la belle Nature!

J’en retiens, comme à chacune des courses auxquelles je me suis présentée, qu’il s’agisse d’aider ou de courir tout court, que le ressenti et la confiance sont toujours au rendez-vous.  Suivre les indications tout en prenant le temps de ressentir ce que l’instinct nous dit, faire confiance à ses pieds, au mouvement, à notre capacité à nous poser et à bondir là où il le faut.  J’ai peut-être fait erreur, dimanche matin, parce que j’ai eu les pieds posés au sol trop longtemps…! Mea Culpa

Bravo à tous les coureurs (en nombre record pour cette édition), aux organisateurs (Luc, Anne et ceux que j’oublierais), à l’équipe des bénévoles (ma gang du jour) et aux enfants qui sont venus donner un coup de main (Izna , Arielle, Misha, le bébé chien et ceux que je n’ai pas croisés) : une troupe en or!

 

Crédit photo: Izna Audy Bernier

– 5 Peaks Coaticook, édition 2017 –