Trans Vallée 2017

 Trans Vallée 2017

sous le signe de l’humilité

Crédit photo: Sylvie Leduc

Une incroyable forêt, un site entouré d’un cours d’eau qui appelle l’énergie, des gens de tous âges.  Des coureurs aux horizons variés, aux objectifs et aux désirs nombreux; ils sont là, prêts et moins prêts, à se lancer dans la nature, envers et presque contre tout.

Même avec la pluie, le paysage de la Vallée Bras-du-Nord, comme les sourires des bénévoles, impressionnent.  Je n’ai pas consulté la météo.  J’ai apporté une panoplie de vêtements, l’équipement nécessaire, des souliers de course, mes enfants et mes amis dans le cœur.  En me préparant, la semaine dernière, j’ai eu peur.  Peur de ne pas être prête, de ne pas être assez en forme, peur de me sentir épuisée.  J’ai discuté avec la peur et j’ai décidé d’y aller quand même.  Je l’ai vue, comme le stress, sur le visage de certains coureurs, me rappelant le trac avant la levée du rideau.

Pendant ce weekend, plusieurs combinaisons de parcours étaient offerts aux amoureux de la course en sentier – la trail, comme on dit – permettant de varier les distances, le dénivelé, la vue (le paysage) et la quantité de boue accumulée sur ou dans les souliers.  On pouvait être plus ou moins choyés en alternant le rythme partagé avec d’autres coureurs.  Je me souviens des jambes et des cuissards de ceux et celles qui avançaient tout près, comme de la clochette de celui qu’on avait surnommé le berger (François, appris-je en cours de route) et de l’ouverture de Marie-Pierre, que j’avais croisée, ailleurs, l’an dernier, et qui impressionnait.

La nature offrait des paysages impressionnants, des ravitaillements salvateurs (eh oui, les bénévoles étaient parvenus à se rendre jusque-là) – j’y ai d’ailleurs découvert les bienfaits du Coke…je ne le dirai pas à mes enfants! –  et des moments qui appellent l’endurance, la résilience ou le courage (peut-être même les trois à la fois).  En passant sur des passerelles submergées par l’eau environnante, nettoyant toutes les chaussures aussi rapidement qu’elles avaient été durcies par la terre, rafraîchissant les pieds, j’ai ressenti le plaisir d’être dehors, dans un espace sauvage, avec l’envie d’en profiter, peu importe les conditions.   Tous les parcours étaient authentiques, gorgés de pierres, de racines, de verdure, de pentes qui montent et qui descendent, de trous et de buttes.  Dans le milieu de la course en sentier, on appelle ça « technique ».  Moi, j’appelle ça « la vraie nature ».  Et c’est ce que je préfère.

J’ai vu les gens sur le fil de départ et à la ligne d’arrivée – un peu moins bien pendant la course de nuit, bien entendu, mais les timbres de voix m’étaient devenus familiers.  À chacune des journées (vendredi, samedi et dimanche), on pouvait déceler la fébrilité et l’esprit qui habitait autant les lieux que les coureurs.

Être présente sur le trajet de vendredi soir, lampe frontale allumée, croisant des bâtons lumineux, des sourires, des jasettes et des souffles coupés, c’était particulier.  Les coureurs, selon leur choix de parcours, avaient trois ou quatre boucles à compléter (10 ou 15km), et je n’ai pu m’empêcher de sourire en pendant au fait qu’il me fallait faire attention pour bien compter les miennes (il faut savoir qu’un trajet en boucles peut demander beaucoup de concentration)!  J’ai complété le parcours, comme tous les autres lumineux, heureuse, mais avec un gros mal de ventre.  J’en aurai d’ailleurs fait une bonne partie de mon histoire de la fin de semaine, consacrant la nuit de vendredi à me tourner et retourner dans mon sac de couchage (quand je ne faisais pas des allers-retours à la toilette), un tenace indigestion au ventre.

Samedi matin, deux départs s’offraient : le 38 km et le 10km.  J’avais pris l’autobus, la navette qui nous conduisait au départ du 38km, le cœur sur la flotte et le ventre à l’envers.   Je me sentais vidée avant même d’avoir commencé et pourtant, j’y suis allée (Advil et cie en bouche).  Ce parcours aura été celui qui m’a poussée à avancer, même découragée par la douleur. Je m’y suis foulé la cheville, entre deux virages. J’ai pleuré une crampe en marchant sur un chemin de terre, alors que je souhaitais courir à fond de train, j’ai ralenti, parce qu’il le fallait. La forêt s’étalait de tout son long et de haut en bas; j’admirais sa force.  C’était un trajet qui pouvait écorcher et qui appelait la patience.  L’accueil des bénévoles, ici et là, était un cadeau.  Franchir la ligne d’arrivée, un accomplissement en soi.  La rivière, une résurrection…pour de vrai!

À mi-temps, nombreux étaient ceux et celles qui mangeaient, sur le site, un excellent repas ayant été planifié le samedi soir.  Réfugiée dans un chalet, j’avais partagé ce moment avec plusieurs amis, tous aussi attentionnés les uns que les autres. Je leur dois d’ailleurs une bonne nuit de sommeil.

Les autres coureurs m’impressionnent toujours, les nouveaux comme les expérimentés.  La nature, elle, m’ébahit.  C’est dans cet esprit que j’ai pris le départ de la course du dimanche matin (21km, qui s’avérait être 37 pour ceux et celles enregistrés au Trans Vallée X), observant Anne, coureuse de renom, s’élancer sur le sentier.  Elle était partie à plein régime et le mouvement s’était enclenché. Tout semblait aller très vite.  Nous étions, je crois, plus d’une centaine et, en y additionnant la cinquante de coureurs du 37 km, que nous croisions en chemin, j’en avais conclu que nous formions un gros troupeau. J’entendais la clochette du berger (François) et je progressais, entourée de quelques coureurs.  Le trajet, qui montait, montait, montait et redescendait parfois, m’aura appris à apprécier le fait de courir en sandwich (avec un ou des coureur(s) devant et derrière moi).  Je me concentrais sur le rythme, sur mon souffle et sur la clochette, tout en tenant d’éviter de cracher ou de me moucher sur quelqu’un d’autre que moi.  Eh, oui…!  Les indices de temps et de kilométrage me rappelaient que nous approchions du fil d’arrivée et que je commençais à ressentir la faim (deux jours plus tard!).

J’ai franchi le dernier kilomètre, enveloppée par les encouragements des passants, des bénévoles et de quelques coureurs, absorbée par la proximité de la rivière et par mon besoin d’y plonger.  Je me suis arrêtée au noyau formé par mes amis, tous sourires.  La chaleur, les câlins et les photos pleuvaient.  Trans Vallée complété.

Enfin, je me sens encore dans l’émotion des trois derniers jours et surtout, submergée par l’admiration et l’inspiration de ces quelques centaines d’athlètes qui ont osé poser le pied sur un ou plusieurs départs, avec tous les risques et tous les plaisirs envisageables.  C’est plus qu’une aventure et je crois que celle-là, il faut vraiment la vivre pour la saisir.

Je lève encore mon chapeau aux assoiffés de la course en forêt, aux trailrunners et à tous ceux et celles qui les entourent.  Il faut être un peu fou pour aimer ça!

Merci encore à Annie, Anne L., Sylvie, Noémie, Carmen et Alain, Isabelle M., Bernice, Normand, Brigitte et François, Anne R., Sophie et Josée, Laurence et Charlélie, Justin et Geneviève, Izna et Arielle ainsi qu’à tous ceux et celles qui sont là, de près ou de loin. Votre exemple, votre présence, votre aide et votre accompagnement sont un précieux cadeau.

Merci à tous les bénévoles et aux organisateurs : nous avons été plusieurs centaines à être choyés et transportés dans l’aventure.  C’était bien 100% pur trail!

Joyeux dixième anniversaire!


Première femme au cumulatif, toutes catégories confondues,   Crédit photo: Sylvie Leduc

 

 

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