Crédit photo: Bill Maynard
Ce soir, comme depuis les trois dernières semaines, je me disais que j’allais écrire quelque chose qui tournerait autour »d’ouvrir ses ailes ». Et c’est alors que j’ai croisé cette photo (ci-haut). Je n’ai pas pu m’en empêcher: j’ai bifurqué. Presque instantanément, tout ce que j’avais en tête, c’est »accepter sa différence ». Nous sommes uniques et en même temps, tellement semblables sur certains points. Qu’on soit solitaire qu’on se tienne en meute ou en club, on est humains. Qu’on grandisse ou pas, on peut se fixer des objectifs, relever des défis, avoir des rêves.
On peut juste vouloir profiter de la vie. Survivre pour certains.
On peut enfin se permettre de se sentir fatigué, avoir le droit d’être vulnérable, d’entendre le silence. Faire du bruit, de temps en temps. J’écris ça comme ça, mais bon, ça peut être large.
En ce moment, je pense à l’entraînement, au sens sportif. Je demeure tout de même convaincue qu’on peut appliquer cette réflexion à toutes les sphères de la vie. Quand je m’entraîne, j’ai souvent la sensation de méditer. C’est apaisant. Éreintant, parfois, et tellement satisfaisant en bout de ligne. Parce que ça peut permettre aux émotions de circuler, comme la fluidité du mouvement quand on bouge. Bouger pour permettre au corps de prendre un souffle, de vivre autrement ou un peu plus, de se reconnaître.
Accepter sa différence, c’est aussi sortir de sa zone de confort. S’offrir le luxe – ou le rudiment – d’aller à petite dose, moyennement ou beaucoup vers ce qui peut nous insécuriser, nous faire sortir du cadre et peut-être aussi sembler anormal ou étrange.
C’est aller vers ce qui nous titille sans nécessairement avoir la réponse au »pourquoi? ». C’est faire ce qui nous branche (nous allume) sans trop y réfléchir. Entreprendre une action. Oser. Et potentiellement se faire peur.
C’est là qu’on se retrouve. Au carrefour des grands défis ou de ce qui peut nous sembler impossible, hors de question. Ce moment où on se dit que c’est un peu fou. Et puisqu’on en a eu l’idée, puisque ça nous a effleuré l’esprit, on peut en venir à la conclusion suivante: »pourquoi pas »? Il existe, bien entendu, trente mille raisons (j’exagère à peine) pour appuyer l’idée d’oublier le projet, le défi, l’objectif, la flamme. Elles sont souvent bien en vue, bien évidentes. Il est d’ailleurs assez facile de se convaincre de renoncer en s’y accrochant, quels que soient leur poids et leur fondement.
Il existe aussi, dans un espace fort discret, ces raisons pour lesquelles il pourrait être intéressant d’entreprendre, d’avancer et de dire oui à ce qui nous semble fou ou carrément disjoncté. C’est ici que se trouve la ligne. Et le choix, celui qu’on doit faire.
À l’entraînement, comme ailleurs dans la vie, il arrive qu’on doute. Qu’on change de trajet, qu’on réoriente. On peut relever un défi de toutes sortes de façons, quelques soient nos motivations. C’est ce que j’apprécie tout particulièrement: on peut reconnaître ce qu’entreprend une autre personne, s’émerveiller et apprécier les idées qui peuvent émerger de l’inspiration.
Accepter sa différence, c’est ouvrir les yeux sur ce qui nous appartient, sur le chemin qu’on choisi d’emprunter et surtout, sur la voie qu’on trace. Certains diraient »on se fout de ce que pensent les autres! ». Même sans y aller aussi rudement, on peut reconnaître que, dans le respect de chacun, bien entendu, c’est une phrase qui peut valoir son pesant d’or. Une invitation à laisser aller le jugement, à s’ouvrir à soi comme aux autres. Comme cette pensée qui dit »Dance like nobody’s watching » (Danse comme si personne ne te regardait).
À partir de là, on fait de son mieux. Qu’on pousse ou pas, qu’on tombe, qu’on fasse une erreur ou qu’on ait un énorme sentiment d’accomplissement, ça se passera toujours un pas à la fois. Enfin…à la marche ou à la course. À appliquer autrement pour le vélo, la rame, la nage, la planche, l’escalade, le vol plané, etc.!
De temps en temps, il m’arrive de courir et d’avoir l’impression que mes jambes sont lourdes. Que j’avance comme un tortue. Il y a de ces jours où je nage en entendant ma tête me dire que mes bras bougent bien étrangement. Et quand j’embarque sur la selle de mon vélo, je me sens comme un dinosaure au moment où je pédale, puis comme une extraterrestre quand j’en descend (mes cuisses écopent)! Lorsque je danse, je peux me sentir éclatée.
Pourtant, je continue. Je me parle. Parce que j’ai une idée, des objectifs, un défi, un rêve. Parce que j’ai envie d’entendre ma petite voix. De lui faire une place.
Accepter sa différence, c’est se permettre d’y accéder. Y croire. Y aller.
Avec les obstacles. Avec les imprévus. Avec tous ces moments et ces surprises pour lesquelles la solution peut parfois sembler cachée.
On peut parler d’être patient. Résilient, peut-être. J’appellerais ça avoir le cran d’être soi-même. Avoir le cran de se voir et de voir les autres aussi. Parce que c’est comme ça qu’on progresse, au quotidien, à l’entraînement comme ailleurs. Peu importe ce qui nous motive, ce qui nous inspire, il y a toujours place à avancer. À grandir, à sourire.
Enfin, pour illustrer l’idée, on peut se dire que le beurre ne vient pas toujours avec le pain, mais, invariablement,il est possible d’en trouver quelque part. C’est une question de choix, de perception et peut-être d’ouverture. Il peut y avoir tellement de variétés différentes de pain et de beurre qu’il pourrait être fabuleux ou difficile, c’est selon, de choisir les saveurs qui nous conviennent.
Ainsi en va-t-il de l’entraînement, comme de la vie. On peut voir ce qu’on veut bien voir ou encore voir ce qu’il y a à voir (option qui s’avère, en général, être beaucoup plus vaste).
P.s.: Pour ceux et celles qui s’entraînent: les glucides ont toujours une valeur aussi importante, alors j’opterais pour le fabuleux – le pain, avec le beurre!
P.p.s: Le fabuleux, ça se trouve partout. Il est conditionnel à la façon dont on regarde. Avec nos différences.
P.p.p.s: Merci aux hérons – bien mouillés, mais pas poules du tout!
Action!