Décembre et le présent

La neige qui atterrit chez nous parle du froid, de la lumière qui ondule en bleu, de la douceur qui se cache derrière les glaçons, quand on se réchauffe. Elle me fait penser, avec ses moments d’hiver, au fait que la patience, le temps et tous les souffles qui nous habitent ralentissent avec le gel.

Il arrive qu’on s’engourdisse et pourtant, décembre s’approche avec son lot d’activités, avec sa folie, avec sa magie.

Jouer dehors, s’entraîner et saisir toutes les petites occasions qui passent aident à réveiller la chaleur, à oublier, peut-être un peu, que les journées raccourcissent ici. Parce qu’on en a besoin.  Respirer, au-dedans comme au-dehors, prendre le temps d’être, juste là.

Chaque matin peut faire partie de la routine.  Il peut aussi apporter son lot de surprises et nous faire sentir petit, quand on a l’impression qu’on n’y peut rien, qu’on a tout à apprendre.  Il peut nous faire sentir moyen quand il se passe des entre-deux, des états étranges, des choses qu’on ne s’explique pas.  Il peut enfin nous faire sentir grand quand on le laisse entrer avec toute sa spontanéité.  Parce que chaque matin est un peu comme un nouveau monde.  Ça dépendra toujours de l’oeil avec lequel on le regarde.  Il y en aura, comme ça, où on se dira que c’est le temps de prendre une décision, de bouger, de sortir, de s’inscrire, d’oser. On se sentira peut-être contenté et on  se pourra se lécher les babines en pensant à tout ce qu’on voudrait entreprendre et qui nous « challenge » un peu (ou beaucoup, c’est selon).  C’est un moment quiappartient à chacun.  Un possible élan qui peut transporter jusqu’au soir et peut-être même tout au long des mois d’hiver.

Le froid peut être synonyme d’accalmie, de pause, mais il peut également représenter une autre façon de négocier les lignes droites, les virages et les trajets.  Il y a, dans nos rythmes et dans nos corps, qui s’adaptent avec le gel, une espèce de vigueur qui veut pousser et qu’on peut choisir de réveiller ou non.

Ici, plus que jamais, il est important d’écouter les signaux qui nous parlent.  Quand ça chuchote, on peut comprendre que la chaleur circule encore et que le niveau d’énergie est bon.  Quand le corps devient plus lourd et que la fatigue se répète, je me dis que la douceur crie.  Qu’elle interpelle. Toute crue.  Elle n’a pas une voix de baryton, alors il faut vraiment tendre l’oreille pour l’entendre.  Quand on a des objectifs, quand le calendrier est fixé et que l’horloge tourne, avec la roue, ça relève parfois du défi.  Qu’on en veuille plus ou qu’on en veuille moins, il se passe quelque chose.  Et c’est, je crois, dans ces moments-là qu’on apprend à se connaître davantage, à se donner la parole.

Décembre, pour plusieurs, peut être un feu roulant de préparatifs et de conjonctures qui ne donnent pas trop le temps de réfléchir.  Pourtant, il faut bien, puisque le temps du bilan arrive, puisque les résolutions sont sur le tapis.  Les enfants veulent avoir l’impression que l’année était bonne.  Ils anticipent Noël.  Chacun à leur façon, ils vivent un petit quelque chose qui leur sera unique.  Les adultes, eux, font des plans.  Ils préparent.  Certains rêvent plus que d’autres.  On s’enracine.  On s’envole. et l’entraînement reprend.

« Dans la vie, la différence entre une victoire et un échec n’est faite que de petits détails ».  Whippet, le film

Les petits détails.  Ils captent mon attention. Parce que détail veut dire, souvent, un instant, un moment.  C’est ce qui fait qu’on peut juste se trouver quelque part, une seconde ou une heure et avoir le sentiment de vivre ce moment in sync.  Pas hier, pas tantôt, pas demain ou encore la semaine prochaine, mais juste là, maintenant, quand ça se présente.

J’aime voir des plans et des idées pousser et pourtant, je salive à la pensée de vivre, simplement,ce qui se présente d’instant en instant.  D’avoir le plaisir et le courage d’accueillir. D’habiter ce que tant de gens appellent le moment présent.

Après, je pense que l’échec, comme la victoire, dans n’importe quel domaine, possèdent une valeur.  Dans tous les cas, on peut apprendre.  On ne saisit pas toujours, mais ça finit par arriver, immanquablement.  C’est une question de perspective.  Avec anticipation, puis avec du recul, on évalue.  Une médaille a toujours deux côtés.  Et c’est un peu ce qui fait qu’on l’apprécie…ou pas.

Ainsi en va-t-il de l’entraînement, de la détente, des moments en famille, en couple, entre amis, au travail, à l’école et de tout ce qui meuble le quotidien.  Je me sens vivante quand je me rappelle que je n’ai qu’un corps, comme tout autre être humain, animal ou végétal, d’ailleurs.  Et que ce corps mérite tout le soin propice à lui permettre d’entrer dans la nouvelle année.   Ça peut paraître bien métaphorique, mais même janvier appelle à une autre façon de voir les choses.  Parce que, si tu t’entraînes, tu sais que le calendrier avance, que les journées vont s’allonger et te conduire à un printemps qui répondra – ou pas – à tes attentes. Tu sais aussi que chaque journée t’offre quelque chose de particulier: un moment.  Un temps, un instant, une voix qui ne se reproduiront pas.  Parce qu’ils sont uniques.  Parce qu’ils vivent au présent.

C’est, je crois, ce qui me fascine et que je retiens quand je sors, dehors, pour bouger: quand j’avance une foulée ou quand je glisse sur la neige, il n’y en n’a qu’un, de ces mouvements, qui se loge dans un instant.  Il est unique.  Le suivant sera différent.  Comme ma respiration.  Comme les flocons qui tombent sur mon visage.  Comme les sourires des gens que je croise.  Comme une lumière qui éblouit, le temps d’une seconde, en pleine noirceur. Je peux choisir d’avoir un rythme lent, saccadé ou accéléré.  Il n’y aura tout de même qu’un seul instant qui passe à la fois.  Et ça, tous les plans du monde sont tenus de s’y accoler.  Même quand on l’oublie.  Et décembre le rappelle.

Décembre, avec le temps qui blanchit et sa main rougie par le froid.  Décembre sucré.  Décembre qui marche vers une nouvelle année où on se dit qu’on a tant à réaliser.  Et si décembre c’était maintenant, juste maintenant?  Est-ce que tu irais jouer dehors, toi? Quoi d’autre?  Qu’aurais-tu, véritablement, envie d’être?

Ready, set, go! 

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