Ce qui sauve la vie
(English version below)
J’ai mentionné à plusieurs reprises, à mes étudiants, que l’art m’avait souvent sauvé la vie. Sans leur raconter, j’ai exprimé combien le fait de créer pouvait se présenter, parfois, comme un outil puissant.
Mine de rien, ce weekend, je suis tombée sur un article qui parlait d’un élève avec qui je partage mon quotidien, à l’école, cette année. Ça m’a retournée. J’ai terminé la lecture de cet article avec un gros sanglot dans la gorge et tout un tas d’émotions parce que je me disais que cette chanson, qu’il était entrain d’écrire, avait une valeur inestimable. Elyjah – c’est son nom – ne se sent pas toujours extra concentré sur les tâches académiques, mais il y met de l’effort. Et cet élan, cette magie, dans ses mots, je l’ai trouvée bouleversante, surtout après avoir pris le temps de m’asseoir avec le récit du journaliste, avec les souvenirs des derniers mois.
En junkie de la bougeotte, je fais constamment l’éloge de la nature, de sa beauté, de la passion que j’ai pour la course, pour la montagne et pour les sports en général. Pour cette découverte, l’opportunité qu’on m’a donnée, récemment, de respirer avec la randonnée alpine au coeur. Je pense que le fait de bouger me permet de me sentir vivante, de l’apprécier et de grandir avec tout ce que ça implique. Et même si tout le monde ne le fait pas exactement comme moi ou comme l’autre, ce qui compte, c’est d’y aller. Si ça veut dire qu’on ne peut que bouger le petit doigt, fine! Si ça veut dire qu’on s’étire les pieds seulement, parce qu’on est en chaise roulante, fine! Si ça veut dire qu’on ferme les paupières, parce qu’on ne peut pas vraiment se mouvoir, okidoo. C’est déjà magnifique: on est là et on est en vie. Et si tu peux faire un triple saut arrière, après avoir couru et t’être élancé dans les airs, savoure-le, comme si tu clignais des yeux, pour une première fois.
En hypersensible, en intuitive, je relaye aussi de l’information quand, parfois, on cherche. Je me laisse « barrouetter » comme on dit, par les sensations qui planent autour, par les regards, par les mots et par les émotions qui transpirent de partout. Je me dis que peu importe en quoi on croit, l’important, c’est de croire. En quelque chose. En quelqu’un. En soi aussi. Juste de croire. D’y croire. Chacun et chacune à sa façon. Parce qu’il y a toujours quelque chose, quelque part, qui résonne. Parce qu’il y a toujours quelqu’un, quelque part, qui écoute, qui entend, qui voit ou qui lit. Même quand on a l’impression d’être seul(e).
Créer
Bouger
Croire
Dans l’ordre que tu veux.
Ça s’applique à tout, dans tous les domaines.
Elyjah m’a rappelé, ce weekend, que ces mots ont un sens, une seconde après l’autre. On en fait des minutes, des heures, des jours et des semaines, qui servent à tisser une vie. Il n’y a pas que le trajet qui compte, mais bien la mécanique et l’émotion qui feront en sorte que celui-ci vaille la peine d’être entrepris. Et qu’on se rende jusqu’au bout ou qu’on bifurque en cours de route, il faut se rappeler que tous les chemins mènent à Rome.
Avec de l’amour en poche, on peut aller jusqu’au bout du monde. C’est comme ça qu’on écrit une chanson.
Qu’on la court, à sa façon.
Qu’on la vit.
Et puis, un jour, on l’enregistre.
À toi le micro, Elyjah.
On se rejoint après la grammaire.
Photo: photomathon, Défi BLANC comme NEIGE 2019
A Sweet, Sweet Life Saver
Note than once, I told my students that art/creation came to save my life. That it had been the case quite a few times. Without explaining them, I expressed how creation could become a powerful tool.
As I was surfing on a Saturday late morning, last weekend, a newspaper page cought my eye: one of my everyday school life students was on top of it. It moved me, as I knew he went trough a lot. I read the page, feeling like I could cry a river and thinking about the song he had begun to write. It appeared to me that it had it’s very own and special value. Like a treasure. Elyjah – that’s his name – doesn’t always feel focused on academics, but he puts effort into it. And that momentum, that magic, in his words, seemed overwhelming, even more after I came to sit with the reporter’s writings, with the past months memories.
As a movement junkie, constantly, I praise Nature, its beauty, passion for running, for mountains and for a few other sports, calling out the outdoors. For this discovery, the opportunity I was given to breathe with ski mountaineering iin the heart of our little mountains. I keep thinking that going for a sporty lifestyle allows me to feel alive, to appreciate it and to grow with its seeds. And even if everyone is doing it in its very own way, what matter is to do it. If it means we can only move one little finger, fine! If it means we can only stretch our feet because we’re on a wheelchair, fine! Every other part benefits from it. If it means we close our eyelids because nothing else can really move, allright. In itself, it’s magnificient: we’re here, alive. And if you can triple jump, backwards, after a fast run, enjoy it as a very first blink of an eye.
As an hypersensitive, an intuitive, information is relayed when, sometimes, we look for it. I let myself drawn in these waving sensations, in these sights, in theses words and in these emotions breathing everywhere. Reminding myself that whatever we believe in is personal, as long as we believe. In something. In someone. In ourselves as well. Only believe. For real. Everyone does it in its own way. Because there is always something, somewhere, echoing our voice. Because there is always someone, somewhere, listening, seeing, feeling or reading. Even when we think we are alone.
Create
Move
Believe
Mixed up in any sequence, as you wish.
It applies to everything, in all life areas.
Elyjah reminded me, last weekend, that words are meaninful, one second after the other. We make minutes, hours, days and weeks out of them, weaving a whole life. More than the journey, emotions and mechanics count too: they make a much more valuable experience of it. Whether we go all the way to the end or we change path along that way, it’s important to remind ourselves that all roads lead to Rome.
With love in our pocket, we can surely go to the end of the world. That’s how a song is written.
That’s how we run it, our way.
That’s how we live it.
And, one day, we might get to record it.
The mic is your, Elyjah.
Meet you after grammar.
Illustrateur: inconnu