Crédit photo: Jonathan Audy
L’équilibre – Finding Balance
(English version below)
Un matin de cette semaine, je me suis réveillée entourée de deux ouvrages – mes lectures disparates, un gros chat (son bedon dans mon visage, en fait) et ma fille, allongée en diagonale dans mes couvertures, habillée comme la veille. Ma tête se trouvait dans un drôle d’angle. J’avais d’ailleurs, en me réveillant, une sorte de migraine qui chantait jusqu’au creux de mes yeux . La nuit m’avait semblé filer alors que j’étais entre deux, même endormie. J’avais hâte. Hâte au réveil, hâte de bouger, hâte au petit déjeûner, à tout ce que je pourrais accomplir une fois debout et j’espérais vraiment, vraiment que la migraine prendrait la poudre d’escampette, avec ou sans café.
Je me suis dit que j’avais peut-être passé la nuit à imaginer tous ces trajets que je voulais courir, à penser aux ravitaillements, aux préparatifs, à mes enfants, à l’entraînement et à la gestion du niveau d’énergie…entre autres! Que je m’étais peut-être aussi aventurée, dans les nuages, à envisager les montées et les descentes que j’aurais l’occasion de faire, en skimo, avant que la neige ne fonde pour de bon.
Le printemps approche et avec lui, l’enthousiasme des objectifs qui commencent à prendre une forme plus concrète, plus tangible. Une amie écrivait, en janvier, « New Year, New me« . On pourrait l’appliquer aux saisons, cette idée. Comme si la température et l’environnement qui changent, ici, dans notre Québec de nature et de villes, avaient encore leur impact sur de nombreux choix. L’une de nos réalités. Parce qu’il y a de ces jours où l’on dirait que l’hiver se prolonge. Certains et certaines d’entre nous décident de s’entraîner en salle, question de confort, de praticité ou d’efficacité. Plusieurs ressortiront au printemps. J’anticipe aussi ces moments-là. Pourtant, j’aime, toutes saisons confondues, passer du temps dehors. J’aime la sensation de la neige, de la pluie, du soleil et de toutes les intempéries qui me rappellent que je suis ici, juste ici. Qu’on peut être petit ou grand et que la nature existe, avec ou sans nous. Cela dit, j’avoue que j’ai un faible pour la saison estivale et les temps chauds. Courir en shorts, oublier les manteaux, porter un bandeau ou une casquette plutôt que deux tuques et trois cache-cous…presque sans exagérer!
Bref, avec l’hiver et les temps de transition tels que le printemps, chaque sortie, chaque foulée, chaque poussée est un rappel que l’équilibre est important. La glace fait partie des surprises que rencontrent nos souliers et les crampons sont mis à l’épreuve. Je ne sais pas pour toi, mais, dans mon cas, chaque saison froide compte une ou deux plonges mémorables, qui se soldent en rendez-vous chez l’ostéopathe. Je n’en fait généralement pas de cas, parce que j’apprécie, hors de tout doute, le fait de profiter de mes deux pieds. C’est un plaisir qui se construit avec les heures que je peux y consacrer. Qui se cultive avec le calme qui suit l’entraînement, la douceur que j’apprends à m’offrir en dehors de la routine qui patine à cent à l’heure…ou deux cent à l’heure, parfois, avec les enfants!
Et j’en apprends encore au sujet de l’équilibre. Parce qu’il y a dans l’entraînement, comme dans les autres sphères du quotidien, une part d’adaptation et d’imprévu. En réalité, même lors d’une course, ces notions prennent leur importance, leur valeur. On fait avec. L’équilibre, comme le plaisir, se construisent, toujours. Ils peuvent être maintenus ou bouleversés, bien entendu, mais j’ai l’impression que c’est ce qu’on recherche tous, d’une certaine façon. Trouver l’équilibre dans une progression, dans ce qu’on vit, dans ce qu’on travaille à développer, en fonction de ce à quoi on aspire. Et l’équilibre, c’est un ancrage.
Oh, boy! Un ancrage. Autrefois, ce mot et tout ce que je m’imaginais qu’il puisse impliquer m’effrayaient. Curieusement, même dans la pratique d’un sport, en pleine action, l’ancrage est crucial. C’est, à mes yeux, ce point d’équilibre que l’on peut atteindre, de l’intérieur. C’est celui qui nous permet de nous envoler vers ce qu’on voit, vers ce qui nous « drive », le gros punch. On y revient et on y revient encore parce qu’apparemment, il est nécessaire de partir de là pour que les portent s’ouvrent vraiment. Du point A au point B. Parenthèse d’usage: aucun problème avec le fait d’opérer du point A au point M ou encore du point B, au A, puis au Z. Il faut juste se dire qu’on en reviendra à la suite des choses. Dans l’ordre ou dans le désordre. Question de temps…et d’équilibre.
Chez nous, c’est un vecteur qui a commencé à imposer sa loi avec l’apparition des enfants. Comme une bombe, chacune de mes filles s’est creusé un espace dans mon coeur et dans mon ventre. L’image est positive: elles m’ont permis de faire éclater le nécessaire pour tracer la route…la trail aussi. Celle dont je rêve jusqu’au bout du monde, aller-retour. C’est ce qui m’a conduite à ce premier jour de mars, en cette année.
Et mes deux filles, dans tout ça? Elles ont un peu grandi, mais j’ai toujours une blonde aux yeux bleus et une brune aux yeux noisette qui me rappellent, chaque jour, que j’ai besoin de garder les pieds sur terre. C’est l’une de mes motivations pour courir. Pour faire le tour de cette Terre qui parle et qui offre tant de paysages uniques. Qu’on peut fouler de toutes sortes de façons, en s’émerveillant. Où l’on peut reconnaître dans les yeux des autres cette passion qui nous anime. De la mer jusqu’aux montagnes. Partout, dans toutes les conditions. C’est contagieux.
C’est contagieux…l’équilibre.
Finding Balance
Early morning, few days ago, I woke up surrounded with two books – disparate readings, a big, big cat (its belly right on my face) and my daughter, sleeping like an angel, laying across the bed, covering much of the space I had, still dressed like the day before. My head seemed to be positioned in a strange angle. In fact, I felt sort of dizzy, when waking up, hearing a headache singing all the way through my eyes. Night seemed to have gone by pretty fast, even in between two worlds. I felt in a hurry to seize the day. To move. To have breakfast. To accomplish something as I would get up and I wished, as deeply as I could, that my headache would runaway, with or without coffee.
I told myself I might have spent the night dreaming of all those routes I wanted to run, thinking to aid stations, preparation, my kids, training and management of an essential one: my body’s, heart and mind energy level…among other things! I might also have gone somewhere, in the clouds, considering uphill and downhill trajectories I could practice, on my skis, with skins and helmet, before snow would completely disappear.
Spring is getting closer and with it, goals’s enthusiasm, as they become more and more concretes, tangibles. A friend of mine wrote, in January, « New Year, New me« . We could apply that one to our seasons! Supposing that temperature and a changing environment, here, in our Quebec of nature and cities, would impact our choices. It is part of our realities. Because some days, it seems like Winter stretches out its arm. Some of us choose to train indoors for comfort, practicality or efficiency. Many will be back outdoors when Spring time comes around the corner. I can’t wait those moments. However, I love, all seasons in the basket, spend time outside. I appreciate to feel snow on my cheeks, to taste rain, to warm up with the sun. Above all, I enjoy those conditions reminding that I am here, right here. That we can make of ourselves small or big ones and that Nature still exists, with or without us. Despite it, I must admit that I tend to prefer warm weather and Summer season. Running with my shorts, forgetting coats, wearing a bandana or a cap instead of two hats and three buffs…almost no exaggeration here!
Going back to Winter and transition times, as Spring season, every training, every stride, every push can be a reminder to care about balance. Ice can be one of those surprises that our shoes and studs get to encounter. I can’t tell about your experience, but regarding mine, the cold season usually counts one or two great falls, ending in an osteopath’s office. I do not really worry about it, as I keep loving, without hesitation, the fact I can walk and run on my feet. It’s a pleasure that builds up with every moment/hour I can put into it. Flowering with this calmness following a training session, with the softness I learn to offer myself at other times than the 100 km/h routine…or 200 km/h, sometimes, with the kids!
…And I am still learning about balance. Because there is, in a training way, like in other everyday area, a need for adaptation and unexpected little-medium-or-big things. Actually, even when racing, these dimensions remain important. They have a worthy value. We make it work. Balance, like pleasure, builds up, always. They can be maintained or shaken up; it appears to me like we all look forward to it, one way or another. To find balance in some form of progression, in our lives, regarding what we focus on, what we are willing to go for. And balance equals ground.
Oh, boy! Ground. In the past, this word and all it could possibly mean were making me afraid. Curiously and especially in sports field, like running, a ground is crucial. It is, I think, the trigger point, that balance we can get to, from within. It is what allows us to fly to reach what we envision, what drives us. The great punch. Again and again, we get back to it because, apparently, it is necessary to start from that point for some doors to really open. From A, starting point, to Z, final destination. Parenthesis: no problem with the eventual choice made to start from A to M or from B to A and then Z points. We can simply remind ourselves that everything will get back on track and follow its course, either way. In or off sequence. It’s only a matter of time…and balance.
At home, it acted as a tide growing bigger as kids came into my life. Like a bombshell, each one of my girls dug a space in my heart as well as in my belly. It’s a positive picture: they allow me to touch off what was necessary to draw a road…a trail. The one I’m dreaming to the end of the world, back and forth. It’s what drove me to this very first day of March, actual year, closer to our next racing adventure.
And what about my two little Ones? They grew up, quite well, in fact. Up to these days, I’m surrounded by a blond hair one with blue eyes and a brown hair one with hazelnut eyes reminding me, quite frequently, that I’d better be able to keep my feet on the ground. It is one of my running motivations. To go all around this talking and marvelous Earth. That big planet we can walk or run on in so many ways, and always be back to marvel at it. Where we can recognize, in each others eyes, that passion we feed in ourselves. From oceans to mountains. Everywhere, in all conditions. It is contagious.
Contagious balance…