Photo: SolidariCourse
L’esprit du trail, c’est comme une histoire qu’on ouvre et qu’on ne finit plus de lire…jusqu’à la vivre. On plonge dans ses images, on galope, on contemple et on s’y retrouve, parfois, à bout de souffle, mais repus. L’incursion peut durer quelques minutes, quelques heures, voire quelques jours. Et quand on en ressort, on se dit, bien souvent, qu’on y reviendra. Peut-être pas tout de suite, mais bien assez vite pour respirer encore un peu ou beaucoup chacun de ses passages. Il s’étend jusqu’à la route et teinte nos regards avec sa lentille sous un angle unique. L’esprit du trail ne s’essoufle pas, lui, et il semble nous unir les uns aux autres, aujourd’hui, alors que la montagne se fait lointaine et que les sentiers appellent les empreintes.
Physiquement parlant, en ce moment, il me manque. Après avoir récolté des bribes d’histoires, ici et là, je me suis replongée dans son étendue. Dans la couleur de ses expériences, au coeur de l’importance qu’elles revêtent dans nos vies. On décrit souvent la course comme une discipline individuelle. Elle l’est, de bien des façons. Mais elle évoque aussi une formidable toile de connexions qui se tissent au-delà des frontières, des barrières et des préjugés. Nous sommes reliés par nos passions, par nos intérêts, nos valeurs. Nous nous retrouvons sur les sentiers, au bas ou au sommet des montagnes, bien simplement vêtus, avec cet élan qui nous caractérise et qui forge celui ou celle que nous sommes. Je crois que la course et la course en sentier transforment. On peut certainement en dire autant de ce qui nous interpelle et nous fait grandir dans chacune des sphères de nos vies. Empreint de ce qui reste. Comme une histoire qu’on ouvre et qu’on commence à lire…
Photo: Nico et Geneviève
Coureurs et randonneurs, Nico et Geneviève m’en ont longuement parlé. Actuellement logés dans les environs de Mirabel, ils sont sur les pistes depuis peu et ils s’investissent avec curiosité, engagés à aider. Ils ont rencontré Olivier Le Méner, de l’Ultra Trail Académie, il y a déjà un moment pour participer à ses ateliers, puis venir en aide en termes de préparation des lieux et des trajets de course. Pour eux, le trail est synomyme de voyage, d’opportunité de se connaître, de méditer, d’aller explorer ses limites et de travailler ensemble, en collectivité. Ils s’offrent volontiers pour contribuer, voir s’étendre les effets directs et colatéraux positifs d’une telle pratique. Humbles et enthousiastes, ils continuent d’explorer le monde de la course le coeur grand ouvert. Nico m’a exprimé y avoir retrouvé son chemin. Geneviève y dessine, pas à pas, le sien. J’ai l’impression que c’est une caractéristique commune des passionnés. On croise, ici et là, des personnes qui nous ressemblent et l’on reconnaît cette lumière dans les yeux de l’un et de l’autre. En toute simplicité. Prendre le temps de choisir les parcours qui nous animent, qui nous allument pour apprendre davantage, pour goûter les sentiers, pour y être, complètement. Comme une histoire qu’on ne veut pas terminer…
Photo: Ultra Trail Académie
Renée Hamel, coureuse d’aventure, m’a décrit cet esprit du trail comme un élément fondamental, lequel relie les gens. Qu’on se trouve dans son propre coin de pays ou que l’on atterrisse à l’Étranger, peut-être en terrain inconnu, le langage de la course et l’amour de l’aventure nous permettent, ponctuellement, de communiquer avec ceux et celles qui entreprennent ou qui souhaitent entreprendre ce à quoi nous aspirons. Qu’on parle d’une sortie de courte ou encore de longue durée, cet esprit appelle l’authenticité, la présence, le bonheur de bouger et de pouvoir être contagieux au-delà des frontières. Des moments qui se dessinent commes étant, à prime abord, des rêves devenus objectifs prennent l’aspect de souvenirs marquants et de perles que le temps n’effacera pas. Ils nous permettent de devenir, chaque jour, davantage celui ou celle qui rayonne par le simple fait de se permettre d’y être, pleinement. Je crois que ce sont aussi ces moments qui génèrent de nouveaux projets, lesquels seront tributaires de nouvelles rencontres, de nouveaux apprentissages et de surprises. À l’image de celles qui surgissent lorsqu’on tourne la page d’une histoire.
Photo: courtoisie
À bien y penser, au fil du temps et des entrevues que je mène avec des coureurs de tous acabits, je réalise que cet esprit bien unique se porte toujours présent, d’une façon ou d’une autre. Que l’on s’affiche comme compétitif, participatif ou coopératif, on peut percevoir ce quelque chose, ce qui nous accroche, ce qui fait qu’on reconnait les visages d’un lieu à un autre, d’un moment au suivant. On peut en quelque sorte faire le pont entre ce qu’on vit au quotidien et ce qu’une expérience en course nous offre. L’un se transpose à l’autre. En continu. Enfin, je crois que c’est ce qui se produit lorsqu’on y accorde de l’importance. Lorsqu’on y retourne. La performance tout comme l’expérience suscitent un affect bien particulier. C’est ce qui rend riche et vivant cet esprit. Comme une histoire qui prend vie…
Récemment, l’opportunité de contribuer à une énorme vague humaine s’est présentée. On parlait de virtualité, de relais, de course, de marche, de sourires, de partage, de contribution, d’aide et d’implication. On parlait d’une équipe. Et surtout, de solidarité. J’ai été saisie par la force qu’un mot, suivi de mille et une actions, en concertation, pouvait avoir. Encore. La communication, comme la course, ont pris une place proéminente. Jour et nuit, d’heure en heure, pour avancer.
Simplement
Ensemble
En solidarité
Cet ensemble qui, me semblait-il, me manquait parfois; le solo devenu solidarité. Comme le loup et les oiseaux, les uns se relaient aux autres afin d’aller plus loin, de parcourir la distance et le temps qui font de nous des êtres humains. Des êtres reliés.
Autrement, pour un moment, avec tout un lot d’énergie et de soutien
Assise à la grande table de la maisonnée, alors que j’écris ces lignes, je viens de lire que nos parcs et nos aires en nature seraient bientôt à nouveau accessibles. Que je pourrai, par conséquent, embrasser la montagne avec autant de foulées que d’éclats de rire. Peut-être quelques larmes aussi. Et je pense, en même temps, à tous ces messages que l’on se partage, en ligne ou par la poste – j’ai repris goût à l’envoi d’une lettre avec un timbre, geste qui me paraissait presque archaïque il y a quelques mois. Il y a, dans ces élans de communication, dans cette vague humaine et humanitaire qui se lève, une formidable transformation. Pas à pas. Un sourire, une salutation, un aurevoir après l’autre.
Ma nature sauvage veut se fondre dans la forêt. En même temps, ici et maintenant, je ne peux qu’honorer la grandeur de ce que j’observe, par-delà les claviers.
Vivement les accolades
Remplies
Repues
Prêtes pour une nouvelle histoire
Photo: Tour du Lac Memphrémagog
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