Un déménagement, quatre mois de physiothérapie, une pratique de repos -pleinement yoga, pleinement nidra -et le développement d’une routine avec chiot plus tard, le printemps ouvre ses valves. Il laisse couler l’eau d’érable. Les élèves canadiens voient la fin de l’année scolaire se profiler; les travailleurs naviguent sur les eaux de l’horloge nouvelle. À l’échelle mondiale, le beau et le tragique continuent de défiler. Le sens existe et il respire, même quand nous n’y croyons pas. La vie aussi
Dans les fils de cette virée de minutes additionnées, celles qui nous transportent d’une date à l’autre au calendrier, de nouvelles profondeur se découvrent. Elles me laissent entendre, elles me laissent voir et ressentir davantage. Petit à petit, de jour en jour, j’ai l’impression qu’on me reconduit à la maison. L’entraînement court avec moi et la paix qui en émerge me paraît bien douce. Loin de la contrainte, loin de l’échéance. Bouger dans la fluidité. M’immobiliser, puis me reposer dans la fluidité. Sans chercher encore à construire des châteaux d’heures pour en faire davantage.
Assoiffée d’être entière
Heureuse de constater que le paradigme connait ses fluctuations, lui aussi, et que mes grandes trouvent les abords de parcours qui n’ont rien avoir avec le mien. Entre les ronrons, les jappements et le taximom, je profite d’instants que je n’espérais plus, rationnellement parlant. Sur mon tapis de yoga, soutenue tantôt par des coussins, des couvertures, des vêtements en tous genres et autres bizarreries, je reçois chaque respiration avec l’océan du yoga nidra. L’absence de rationalisation pendant que ma conscience navigue sur les paliers de la multidimensionalité me fascine. J’en émerge plus reposée qu’au matin, soulevée par ce qui m’échappe en joute intellectuelle. Et je cours encore. Autrement
Songer à l’équilibre me rappelle que malgré les études, les statistiques et autres fruits de nos humanités, sa conception demeure unique. Nous sommes semblables et pourtant différents. Résultats d’histoires et de réalités juxtaposées. Et comme le printemps, comme la respiration, comme chacun des soubresauts de présence prenant de plus en plus d’ampleur, nous bougeons chacun et chacune à notre façon pour atteindre ce qui a toujours été au coeur de nous.
Une trajectoire tissée d’infini
L’infini de nos galaxies
Our whole house moved, four months of physiotherapy, a rest practice – fully yoga, fully nidra – and the evolution of a puppy routine later, spring has opened its valves. It now lets the maple water flow. Canadian students are eyeing the end of the school year; workers are navigating the waters of the new clock. Globally, both the beautiful and the tragic continue to roll along. Meaning exists and breathes, even when we don’t believe it does. Life too
In the threads of this journey of accumulated minutes, which take us from one date to another on the calendar, new depths are discovered. They let me hear, they let me see and feel more. Little by little, day by day, I feel like I am being guided home. The training runs with me and the resulting peace seems sweet to me. Far from constraints, far from deadlines. Motion in fluidity. Getting still, then resting in fluidity. Without trying to build castles of hours to achieve more.
Thirsty to be whole
Happy to notice that paradigm knows its fluctuations, it too, and that my daughters find approaches to paths that have nothing to do with mine. Between the purring, the barking and the taximom, I enjoy moments I wasn’t expecting anymore, rationally speaking. On my yoga mat, supported by cushions, blankets, clothes of all kinds and other oddities, I receive each breath with the ocean of yoga nidra. The absence of rationalization while my consciousness navigates around the levels of multidimensionality fascinates me. I emerge more rested than in the morning, lifted by what eludes me in intellectual jousting. And I am still running. Otherwise
Thinking about balance reminds me that in spite of studies, statistics and other fruits of our humanities, its conception remains unique. We are similar and yet different. Results of juxtaposed stories and realities. And like Spring, like breathing, like each of the jolts of presence growing larger and larger, we are all moving in our own way to reach what has always been at the very core of us.
Une sonnerie de téléphone s’était étirée, à la fin du mois d’avril, jusqu’à ce que j’atteigne le combiné. En tendant l’oreille, j’ai compris que le quotidien allait changer, encore une fois. Sans drame, mais plutôt dans la perspective d’accueillir une nouvelle vie. En catimini, je m’étais précipitée à l’étage pour aller réveiller ma grande, encore endormie, un sanglot dans la gorge. Il venait de naître.
LA NOUVELLE
Endormie, ma fille avait lentement ouvert les yeux, puis en m’entendant, ils s’étaient remplis de larmes. Zuko, que nous n’attendions plus, ferait notre rencontre en juillet. Et si tout se déroulait bien, il serait dès lors partie prenante de la famille. Nos routines étaient déjà bien occupées, alors entre deux activités, pendant les pauses ou avant de sombrer dans un sommeil agité, le soir, l’une d’entre nous consacrait quelques minutes à envoyer un message afin de recueillir des images et des impressions concernant Zuko. En toute transparence, malgré l’anticipation d’offrir présence et amour à un autre petit être, j’espérais aussi que ça n’arriverait pas tout de suite ou enfin, que le calendrier des portées, couplé à la liste d’attente, se feraient encore bien remplis. Il me semblait tout juste sortir d’une longue et tortueuse boucle de monoparentalité à temps plein en apprenant à composer autrement avec notre réalité. Et pourtant, la cigogne était passée. Et elle avait pensé à nous.
Zuko, de son prénom, est un jeune Montagne des Pyrénées. Sa famille et lui proviennent des Pyrénées du Pignon Rouge, au Québec. Comment, mais comment avions-nous eu cette idée, voir cette audace? Je me le demande encore. Plus sérieusement, ma fille aînée avait mis sur sa liste cette demande depuis un bon moment déjà. La crise au sein de laquelle toute la planète baignait avait accentué le désir d’accueillir un chiot. Ayant côtoyé nombre de chiens errants, de chiens abandonnés et d’autres trésors en situations particulières, concevoir ce type d’adoption était un processus en soit. Puisqu’il ne s’agissait pas de moi et que j’espérais surtout qu’il puisse accompagner les enfants, j’ai fini par accepter. Et puis, j’ai compris que comme on traverse une longue course, il s’agissait d’une forme de défi qui impliquerait bien plus que je ne pouvais alors l’imaginer. Je me plaisais à dire que ma fille, dont Zuko allait être le pupille – n’avait probablement pas conscience de tout ce que l’adoption d’un chien représentait. À la réflexion et avec un peu de recul, j’ai réalisé que c’était aussi mon cas!
QMT
J’ai complété un ultra le trois juillet, au terme de 160 km de course et de marche, franchissant alors une ligne d’arrivée posée au Mont Saint-Anne . En lançant un au revoir à un Québec Mega Trail haut en couleurs, j’ai repris la route vers l’Estrie, consciente du fait qu’il me faudrait plus d’un café pour garder l’oeil ouvert. Le lendemain matin, aux petites heures, ma grande et moi avons pris la route pour St-Wenceslas, dans le Centre-du-Québec. L’émotion était palpable et bien que mon corps ne réponde pas pleinement présent, mes réflexes me confirmaient que j’étais alerte. Arrivées au Pignon Rouge, un tollé de jappements nous avait sauté aux oreilles. Sourire aux lèvres et le souffle peut-être un peu court, nous avions franchi la porte du non-retour. À ce moment-là, peu importaient les questionnements et les doutes: un ours-polaire-chiot avait conquis nos coeurs. Une vie poilue de huit semaines s’invitait chez nous.
De huit semaines, nous en sommes aujourd’hui à huit mois. Six mois se sont donc écoulés depuis son arrivée. Six mois pendant lesquels notre vie a connu quelques petites révolutions. Notre patience a été mise à l’épreuve. Nos peurs ont refait surface. Nos inquiétudes ont aussi trouvé leur chemin. Entremêlée de fou rires et de moments attendrissants, chaque journée s’est déroulée de façon plutôt inattendue, même dans les moments où nous nous sentions préparées. D’un bébé chien pour lequel je croyais avoir à jouer un rôle accessoire, je me suis retrouvée en avant-plan. J’avais maintenant trois enfants. Oui, je sais, on me dira qu’un animal n’est pas un môme. Pourtant, chaque fois que j’en croise un, la présence de chacun d’entre eux me parait revêtir autant de vie, une conscience différente et une allure particulière, bien sûr, et surtout un être à part entière. Observer, ressentir et écouter. Humain, animal ou végétal, c’est du pareil au même et, par conséquent, tout aussi frappant (en fonction du regard que l’on choisit d’y poser, bien entendu). Prendre ce bateau d’expériences, c’est embarquer à bord d’un nouveau projet familial. Et c’est avec celui-ci que mes enfants m’ont confié, pour la première fois, qu’elles avaient l’impression que notre famille était enfin complète.
DÉCOUSUE
À travers les petits accidents, les objets mordillés, le désengagement des enfants quant aux tâches associées à Zuko (soins et besoins), les suivis et autres surprises, j’ai tellement, tellement eu l’impression de voir des expériences du passé défiler. À ma grande surprise, les enjeux et les défis posés par cette nouvelle réalité formaient une mozaique assez singulière, de sorte que chaque événement me rappelait les sensations, les émotions et le mal-être de passages particulièrement éprouvants vécus au cours des dix-huit dernières années. Je me suis sentie plongée, assez régulièrement, au coeur d’une blessure que je croyais guérie (ou que j’avais écartée). Des ondes de détresse, un sentiment d’abandon/de trahison, une poignante impuissance en me retrouvant seule à devoir tout prendre en main pour continuer d’avancer…Des vagues de colère face à l’absence, la tristesse de ne pas pouvoir offrir une énergie que je ne possède pas et le découragement face à l’ampleur de la tâche. Je me sentais démunie. Au crépuscule d’une liberté que j’avais l’impression de tranquillement retrouver, je comprenais qu’il me faudrait encore m’armer de patience et d’ingéniosité. Il ne s’agissait que d’un chien et pourtant. Difficile de faire fi de tout ce qui était momentanément remué. Je ne m’y attendais pas, mais alors, pas du tout!
REVISITER Comme lorsque mes filles étaient enfants, j’ai passé des heures à prendre soin, à réparer, à nettoyer, à entraîner, mais aussi à faire la paix avec mes choix. Entre la détermination, la ténacité, la persévérance et le lâcher prise, à l’image de tout ce que nous entreprenons et visitons, l’idée d’être à l’écoute de mon système nerveux et d’être sensible à celui des autres s’est immiscée parmi nous. Bref, les petits défis se sont mués en messages et, à mes yeux, en belles opportunités de guérison. Ralentir encore le rythme, remodeler les priorités, se réveiller la nuit, parfois, pour apaiser l’un ou l’autre, pitou inclus. Des moments aussi précieux que le challenge sous-jacent. Impossible de continuer d’éviter le repos (le vrai), de travailler 18h sur 24, d’oublier de déléguer, etc. Un animal, comme un enfant, imposent un minimum de présence. Un animal, comme un enfant, transforment les vies. Au moment d’écrire ces lignes, après avoir passé la nuit à suivre Zuko, souffrant d’indigestion (vols qualifiés à la cuisine pendant que j’avais le dos tourné), rouleaux d’essuie-tout et bouteille de spray nettoyant en main, bottes à proximité pour sortir dehors au premier signal, je me souviens. L’important, qu’on soit humain ou animal, c’est l’amour. Le café couplé au chocolat noir un peu aussi, en fonction des circonstances, mais ce qui compte réellement, je le crois, demeure le choix d’investir présence, amour, empathie et compassion dans les moment où on aurait fort envie de tout foutre en l’air. Il existe de ces espace où il est impératif de fermer sa porte, d’établir des limites et de dire non, histoire de garder sa lumière bien vivante. De refuser de tolérer ce qui n’a définitivement plus sa place. Et puis il en existe d’autres où écouter sa voie, c’est honorer un engagement voué à être sain si on le veut bien. Avec patience
Avec amour, présence, empathie et compassion
En se rappelant qu’il existe des ressources et que nous avons le droit de demander, d’aller chercher support, abondance, douceur, tout comme un peu de facilité. Encore faut-il être prêt à dire oui.
J’ai appuyé sur « Publier » entre autres parce que ça me rend mal à l’aise. Qu’est-ce qu’on va en penser, encore une fois? (Oui, c’est le genre de chose qui me traverse souvent l’esprit.)
J’assume. Parce que j’ai l’impression qu’il faut que ça se parle, beaucoup, beaucoup plus. Et parce que je nous aime, pour et à tous ceux et celles que j’ai vu rusher depuis un bon bout, qui me touchent et qui me chamboulent aussi.
C’est un peu moins bien écrit que d’habitude, mais c’est franc, promis, à 100%.
Isabelle
xxx
En rencontrant les collègues, sur l’île et sur une ligne de départ d’octobre, j’ai retenu l’un des messages qu’on m’avait lancés: « que ton rêve trouve son chemin * ici. »
Mon plus grand rêve, c’est la santé, à tous les niveaux. Une santé en or (oui, je suis ambitieuse). Et que mes enfants se donnent le droit de croire en les leurs, de rêves, le droit d’avancer, quotidiennement, en les nourrissant.
Au cours des quelques dizaines d’années que compte ma vie, j’ai eu la sensation de me battre continuellement pour ma santé. Me battre pour accepter de me donner le droit de vivre et de me permettre d’être celle que j’avais envie d’être; vraiment. Du combat, j’en suis venue, depuis peu, à l’idée de l’accueillir, comme on accueille la respiration, plutôt que de tenter de l’absorber.
Et dans l’accueil, à ma façon, j’ai cheminé.
Décembre
Décembre approche et avec lui, son vent de changement. J’ai encore tendance à croire que ce que l’on ne voit pas existe aussi. Depuis un moment, j’y porte une attention particulière, observant des gens, ici et là, qui souffrent, souvent en silence. Nos santés mentale et émotionnelle ont une importance qui mérite – et qui a besoin – d’être davantage reconnue. Dans la vie, dans le sport, au travail, en famille et entre amis. Collectivement, nous fournissons des efforts, mais sommes-nous vraiment à l’écoute dans les petits, comme dans les grands moments de tous les jours? Nous permettons-nous de partager sans craindre qu’on nous juge à tout vent? Assumons-nous ce qui est? Plus que tout, est-ce que nous nous assumons?
Je connais un peu trop bien l’anorexie, la dépression, l’anxiété, l’épuisement qui mène vers le burn out. J’ai côtoyé, de proximité familiale, la bipolarité, la dépendance, le narcissisme et autres problématiques conduisant, un peu trop souvent, au suicide lorsque le corps ne plonge pas momentanément au cœur d’une maladie (physique), laissé avec un air hypothéqué. Un corps pucké (100% assumé – pas d’apitoiement ici).
L’équilibre, c’est bien personnel. Et c’est fragile. Encore plus, pour plusieurs, depuis deux ou trois ans.
Je nous souhaite de rencontrer des gens qui nous inspirent, qui nous font sourire et même, pourquoi pas, rire aux éclats. Pas juste en surface; en profondeur. Surtout. Je nous souhaite d’oser nous ouvrir à d’autres humains et humaines, pas seulement entre les murs d’une salle, en clinique, mais de vive voix, un jour ordinaire. Je nous souhaite d’échanger, simplement, en prenant conscience de la beauté du moment, de l’opportunité pour soi, pour l’autre, pour vous, de partager une saine interaction. D’être, véritablement.
Accueillir
Accueillir, c’est offrir un espace. Un peu de ce qui est sacré en soi, en l’autre aussi (en sacrant québécois ou pas, au choix). Avec des mots ou en silences entrelacés. Avec des conversations, je l’espère, même si elles ne sont pas toujours fournies comme les arbres en été.
Accueillir sans charger son dos, mais plutôt en éclairant la route et en tendant la main, au besoin. Accueillir sans absorber.
Permettre et partager une présence – Se donner le droit
Je nous souhaite enfin de marcher vers ce qui nous anime encore (de courir, lorsque c’est possible), en santé. En la cultivant, toujours
Entre décembre et janvier
Puis entre janvier et décembre
(Mettre sur repeat😉
Photos des collègues sur l’Île intense: Kelsey et les irréductibles, Béatrice et le groupe de feu, Sangé et son projet, Christophe, Cindy et Tino.
« Nous possédons tous en nous de ces talents dont nous n’avons aucune idée. Et se trouvent devant nous ces chemins, au coeur de nos vies, que nous pouvons emprunter à tout moment, que nous ne voyons jamais, parce que nous ne les empruntons jamais. Lorsque nous savons qui nous sommes, nous savons aussi que nous pouvons remplacer des idées noires par d’autres idées.
On peut se faire une promesse à soi-même, aussi petite soit-elle. Il peut s’agir de prendre une marche. Il peut s’agir, tout simplement, de se réveiller avant midi. C’est une petite promesse que l’on s’offre à petite échelle. Elle peut sembler minuscule, mais l’important, c’est de tenir cette petite promesse que l’on se fait. Chaque changement positif dans ma vie s’est construit à partir de cette capacité de tenir une petite promesse que je me suis faite. Les changements prennent place, petit à petit, et on peut en faire une habitude quotidienne en commençant, avec lui, la journée. Et nous nous transformons, devenons gagnants en accumulant une petite victoire après l’autre, chaque jour. C’est comme ça que ça se passe. »
La dernière année aura été riche en apprentissages, à l’instar de chaque moment, de chacune des petites promesses, menant à de petits engagements auxquels j’ai donné voix au cours des douze dernières années. Emprunter les chemins de ce qui semble inatteignable pour redresser le quotidien. Continuer d’avancer malgré l’incertitude. Prendre le pouls autour et faire le choix d’avancer malgré les silences, les jugements, l’apparente solitude. Plonger à bras-le-corps au coeur de pratiques en souhaitant voir le tableau s’éclairer. Soupirer, parfois. Rencontrer des gens, sourire de satisfaction, feindre la compréhension et peut-être choisir de refermer certaines portes pour en ouvrir d’autres.
Trouver, toujours, une seconde, une minute d’émerveillement au quotidien.
Une année de projets, de famille, de créativité. D’espace qui s’ancre tout doucement pour le repos, pour que se regénèrent le corps, le coeur et l’esprit. J’ai tendance à croire que l’équilibre est un concept bien relatif et qu’il varie en fonction de nos individualités. Qu’on peut s’inspirer de modèles, de théories et de techniques, mais qu’il n’existe véritablement de formule que pour un être humain à la fois. Les variations sont inévitables et peut-être nos chemins se forgent-ils à l’image de nos ADN: uniques (mettons de côté la notion de clonage ici…!).
Un chemin en croise un autre et les possibles sont multiples, voire infinis en fonction de ce que nous choisissons d’entreprendre ou d’éviter. De là naissent la beauté, le mystère et parfois le grand désarroi reliés à nos expériences humaines. Un périple nous plonge dans l’observation de cette multitude et je dois avouer que chacun de mes déplacements accentue la réflexion en lien avec ces choix, les limites que nous nous imposons, ce qui existe et ce que nous avons l’opportunité de vivre lorsqu’on y croit. Lorsqu’on y croit vraiment.
D’une certaine façon, les concepts de bon ou de mauvais choix sont bien relatifs aussi. Certaines expériences de vie semblent plus difficiles que d’autres, mais encore là, nos tolérances, notre aptitude à la résilience, notre présence, notre acceptation de ce qui est changent les trajectoires, puis les résultats. La vie n’est pas juste. Elle est vraie. Pleine. Crue. Vibrante si on le veut bien.
Chaque défi sportif, créatif et familial me plonge au coeur de ces réalités. Chaque nouvel horizon me permet de concevoir que la planète est en fait un bien petit village et qu’il existe tellement plus que nous, que soi. Qu’il y a tant à vivre. Je n’y peux rien: j’y reviens toujours! Et plus le temps file, plus j’ai l’impression de vivre, d’être témoin de transformations chaque fois que j’entreprends un périple, tout comme au retour. Il me semble être habitée par la conviction que plus on se déplace, plus il est difficile de concevoir une vie se limitant à l’endroit où nous posons nos valises. Il faut le vivre pour le ressentir, j’imagine. Peut-être est-ce ce qui se produit lorsqu’on navigue vers ce chemin de vie qui nous alimente vraiment, celui où l’on se sent vibrer, briller de l’intérieur, celui qui nous permet de redonner avec autant de puissance et de lumière, en s’installant véritablement en soi.
Oui mais…la famille, la maison, le travail, les collègues, les amis, les obligations. Chacune de ces considérations possède, en effet, son importance. Nos choix se font alors miroir de cette promesse, cette petite promesse que l’on se fait chaque jour pour, peut-être, pour se permettre de mieux se réaliser, de mieux s’actualiser, de vivre en accord avec celui ou celle que nous sommes véritablement. Une promesse en appelle une autre. Et il n’existe qu’une seule personne qui puisse déterminer notre propre parcours: nous-même, soi, vous. La seule personne qui puisse, véritablement, permettre à tout ce qui veut naître en soi d’occuper son espace. De prendre place. De prendre racine et de connaître son envol. Tout ce qui fait partie de l’interaction est voué à composer avec ces coeurs et ces noyaux qui sont les nôtres. Et il nous revient de décider quelle place, quel espace, quelle importance auront les interactions, les engagements, les choix que nous ferons en équipe ensuite.
Une vie est un voyage.
Dans le confort comme dans l’inconfort
Et tout commence par une promesse
Une petite promesse, une petite victoire pour se construire, comme pour construire un monde
De là naissent les projets, les rencontres, les alliances
De là s’ouvrent les fenêtres, les portes aussi
À nous de choisir jusqu’où s’étendra notre regard, quelle sera la portée de nos choix et de nos actions. Ce qu’on a envie d’offrir, ce qu’on a envie de déposer dans le grand baluchon de la vie. Ce que retiendront les autres. Une naissance et un départ à la fois.
Bientôt 2023, en voie de négociation avec les projets, la création, la maladie et la santé, la magie de ces instants qui ne se produisent qu’une fois. Des kilomètres, de la nature, une faune à profusion, des gens, et bien des découvertes se profilent à l’horizon. Une petite promesse à la fois.
En hommage à ces coureurs et coureuses avec lesquels j’ai eu le privilège de partager un moment ou deux à l’Ile intense
Photo: Kelsey Hogan
« We all have these talents in us that we have no idea about. And we all have these paths in our lives that we can take at any time, that we never get to see, because we never take them. If you know yourself, and you can give yourself something to do, you can replace dark thoughts with other thoughts.
Make a small promise to yourself. It might be a walk. It might just be waking up before noon. It’s a small promise. And you’re going to start really small. It’s going to seem tiny. And all you gotta do is keep that small promise to yourself. Every positive change in my life has built from the ability to keep a small promise to myself. Change starts small and it’s a daily habit of doing a small thing to start the day. And you turn yourself into a winner by having a small win every day. That’s how it happens. » Gordon Byrn
L’ambiance est déjà perceptible, sur le quai de Baie St-Paul, à notre arrivée. Un petit commerce loue des embarcations et offre, pour l’occasion, sa toilette aux passants. Une musique navigue dans l’air à quelques mètres, là où le terrain accueille un grand chapiteau. Plusieurs coureurs et coureuses semblent prêts, tantôt assis, tantôt allongés au sol. Mon dossard m’attend d’ailleurs sous la tente, alors je m’y dirige en transportant trois sacs de ravitaillement. Premiers pas vers un départ que l’horloge fait s’approcher de nous.
On me remet le numéro dix et c’est avec lui que je me dirige vers la station de contrôle médical. Sourires et salutations échangés détendent l’atmosphère. Sur la chaise que me présente l’infirmière, je mets des mots sur l’étoile collée à mon dossard parce qu’il le faut bien: hypertension, colite ulcéreuse, allergies. Je n’en parle à peu près jamais parce que ça n’a rien de sexy, mais comme les valeurs affichées au tensiomètre sont un peu hautes…En y réfléchissant, ce que nous faisons n’a rien de bien sexy non plus: nous affrontons les intempéries, bravons nos résistances, parcourons des terrains pouvant avoir un aspect plus ou moins familier, voire hostile, parfois, pour certains. Nous suons (beaucoup), crachons, buvons et mangeons en courant. La toilette entre quatre murs devient la toilette au vol, là où on peut se faire discrets/discrètes. Nos besoins se centrent surtout sur le fait de respirer, de bouger, de regarder et d’écouter, de nous nourrir et de nous hydrater. On défie la ronde de nos pensées, on dépasse l’entendement et on peut paraître, enfin, pour la vaste majorité de la population, un peu timbrés. À chacun ses perception, hein, mais force est d’avouer qu’en tant qu’humains, nous jugeons facilement ce qui nous est inconnu, non familier ou qui interpelle la différence.
De 20 heures à 19h50
Un ami d’outre-mer retrouvé sur le fil de l’invitation, quelques moments de méditation, puis le regroupement prématuré, sous l’auspice de la tempête, pour emprunter la piste qui mène à l’arc-en-ciel en entamant un trajet voué à durer quelques heures. Au passage, sentir son ventre se compresser, observer les coureurs et les coureuses qui s’ouvrent à l’aventure, puis respirer bien fort. Berceau des enthousiastes et des ambitieux, ce nouveau départ promet autant de surprises que d’imprévus. Vingt heures avance et nous nous élançons dans une montée qui en appellera bientôt de nombreuses autres. La pluie s’est éteinte, la chaleur me paraît agréable et les pas s’enchaînent avec la cadence du souffle. Certains papotent. D’autres comptent les pas et d’autres, enfin, se sentent ponctuellement déstabilisés par les signaux de leur corps. J’en suis. En pleine ascension, je constate que mes intestins ne filent pas le parfait bonheur. Par réflexe, je me concentre sur ma respiration et je décide d’ignorer les signaux qu’ils m’envoient. Le tronçon de forêt fait place à une route qui, ma foi, donne envie de rouler comme un bolide. Je me laisse alors prendre au jeu et, entre deux phrases échangées avec des collègues, l’obligation de faire un arrêt, pliée en deux, me saisit. Un massage efficace replace la contraction et je repars de plus belle en descente, car l’opportunité et le plaisir sont vibrants. Nous sommes plusieurs à nous élancer au même moment, mais je perds un peu le fil de ce qui m’entoure en me plongeant dans la force de l’instant.
Le paysage s’assombrit, toujours verdoyant, pour laisser place à la lumière nocturne. La constance du mouvement – et de la douleur – me guident jusqu’au premier ravitaillement, celui de l’Arche. Je me demande déjà si j’arriverai à franchir les 40 km qui me permettront d’arriver à mon premier sac de ravitaillement. Les crampes et les contractions se succèdent, comme lors de l’accouchement. Le focus est à mettre les pieds au sol et à continuer d’avancer, une minute après l’autre. En arrivant à mon premier sac, je me sens vidée, mais aussi vraiment émue. Sylvain et son équipe me prêtent la chaise du coureur qu’ils attendent et qu’il sont venus soutenir. Geste salutaire, puisque qu’il me permet de me ressaisir et de boire deux jus, coup sur coup, avant de remballer mon matériel et de repartir. Ce qui m’attend sera tributaire de mon état d’esprit. Alors j’avance en oubliant toute forme de pression.
Accompagnée
En pleine nuit, une voix me salue. Je la reconnais et je mets pourtant quelques minutes à mettre de pair son nom et sa présence: Stéphane. Entre les flaques de boue et les racines, je découvre une présence énergisante. Je n’ai pas l’impression d’avancer bien vite, mais nous progressons tout de même en équipe. De deux, puis de trois et de quatre, avec Géraldine, originaire de la Martinique. Éventuellement, nous rejoignons un point de ravitaillement, puis un autre. Je prends soin de remercier Stéphane avant d’emprunter le chemin du petit coin (entre quatre murs, cette fois).
Repartir se fait somme toute assez efficacement et la nuit qui s’achève apporte son lot de légèreté. Avec les kilomètres, je découvre la voix de Géraldine, croisée un peu plus tôt déjà, et d’un jeune homme, derrière moi, qui semblent apprécier l’expédition partagée. Elle nous parle de Martinique, lui alimente les rires et moi je tiens le rythme. Une autre quarantaine de kilomètres se passent, les sentant parfois tout près, parfois un peu plus loin, derrière. L’approche du ravitaillement de St-Tite-des-Caps permet d’entrevoir une forêt qui se dissipe pour laisser place à quelques chemins de campagne. Je brûle d’envie de voir le clocher, l’école, le cours d’eau qu’il nous faudra traverser. J’y plonge d’ailleurs avidement le temps venu. Le soleil s’en va croissant alors l’eau fait office de trésor. À dix heures am, j’atteins la mi-parcours (St-Tite), la gorge serrée, un sanglot à peine dissimulé: la douleur n’a pas gagné.
Renée et Anne m’accueillent royalement. Aucune équipe de soutien n’avait été prévue pour l’événement, mais tout semble se dérouler comme si nous avions magistralement orchestré le tout. Mes pieds vont bien. J’arrive à manger, à boire et le contrôle médical est positif. Je peux donc repartir avec la matinée qui avance. Géraldine et moi avons convenu de nous retrouver sur le parcours, alors je prends la route en direction d’une descente pour la Mestashibo. J’ai hâte de longer son cours d’eau, de la traversée. La Mestashibo est à mes yeux le poème qui habite les sentiers du coin. Mon esprit créatif divague et c’est ainsi que j’en arrive à me perdre, en plein jour. En réalisant que les bouts de ruban orange sont absents depuis un bon moment et que le paysage ne correspond pas complètement avec le souvenir que j’ai de ce secteur, j’en viens à la conclusion qu’il me faut rebrousser chemin et que la Martinique (Géraldine) est passée au-devant du Canada (moi-même). Je m’en veut un peu, mais en même temps, l’écoute d’un corps qui va mieux et l’observation des environs me porte à constater que les conditions sont bonnes et que je suis choyée de pouvoir encore courir ici. Tant pis pour le reste.
Avec sagesse
Les années m’ont appris que nous nous composons d’immensément plus que, peut-être, nous tendons à le croire. Que les épreuves, la maladie, les traumatismes en tous genres, tout comme l’ego, font partie de nos parcours, mais aussi que nous sommes un être à part entière au-delà de ceux-ci, avec le temps. En prenant le temps. En courant, ce temps revêt une dimension unique. L’espace aussi. Courir, probablement à l’instar de toute discipline au coeur de laquelle on s’engage, invite à plonger plus profondément en soi, pour soi. À explorer ce qui nous habite, à questionner. Courir permet d’apprendre à mieux se connaître, à grandir pour s’épanouir, pour soi. Cette réflexion marque les sautillements qui me permettent de progresser le long des rives du cours d’eau. J’aime particulièrement entendre son grondement qui se rapproche un instant, puis qui semble s’éloigner en fonction de la direction prise pour progresser. Chaque ruissellement, entre les pierres, me permet de m’asperger le visage et de rafraîchir ma tête, peu chevelue. Une sensation nouvelle et tout aussi régénératrice.
Troncs d’arbres, buttes, sections boueuses, soleil, papotage de collègues masculins qui apparaissent parfois devant, parfois derrière moi. Premiers coureurs de parcours plus courts, constants, concentrés. Tout s’alterne entre les montées et les descentes. En arrivant à la rivière, les sourires se font légion: de petites embarcations gonflables nous attendent avec l’équipe assurant la sécurité. Traverser sur l’eau ou dans l’eau: les deux me paraissent aussi alléchants, mais je n’ai pas le loisir d’y réfléchir. En quelques minutes, l’autre rive nous accueille et il s’en faut de peu pour que je ne reprenne la course en oubliant presque la veste de sauvetage que l’on m’avait prêtée. Le soleil brille; il nous accompagne le long des cailloux et des escaliers qu’il nous faut grimper.
Certains passages se vivent si intensément que je ne me souviens plus de minute en précédant une autre. Il m’arrive de me demander si j’ai bien croisé un ruban orange ou un autre indicateur. Atterrir sur le sentier qui mène au Mont St-Anne me fait sourire. Des gens se baladent dans les environs et la Chute Jean-Larose se tient debout telle une oeuvre qui n’en finit plus de nous éblouir. Ses bassins, momentanément habités par les baigneurs, sont vastes. Les escaliers qui la juxtaposent demandent un effort qui se répète de palier en palier, offrant une splendide vue en guise de récompense (enfin, c’est un peu comme ça que je les approche, histoire de me motiver). L’arrivée au pied du Mont St-Anne annonce une autre petite ascension. Elle permet de rejoindre le ravito du sommet. Une fois arrivée sur les lieux, on m’indique qu’il nous faut repartir pour effectuer une petite boucle. Elle permet de monter et de descendre encore un peu. À ce stade, l’ironie formule beaucoup d’idées et de commentaires auxquels je fais l’exercice de ne pas m’accrocher. L’important: penser à avancer et à rejoindre le ravitaillement du Fondeur.
Longueur
Fondeur pourrait être synonyme de fluidité, de forêts verdoyantes ou encore de fourrés interminables. La perception que nous avons d’un parcours dessine l’expérience qui sera la nôtre. Cette section n’y fait pas exception. Je me délecte dans le sentier de vélo de montagne et j’en profite pour bien me délier les jambes. Trois hommes et moi nous recroisons ponctuellement depuis déjà plusieurs heures et j’entends l’un deux se demander s’il est possible d’arriver au ravitaillement du Fondeur avant que la nuit ne tombe. C’est ce que je m’empresse de tenter, avec un plaisir empreint de légèreté. La descente est efficace. Le Fondeur est éclairé, bien peuplé et les bénévoles rayonnent. Doudja, Anne-Lise, Anne pour n’en nommer que quelques unes. On me confie mon sac de victuailles rapidement et j’ai l’impression de me préparer à repartir assez rapidement aussi, consciente que la section des « fourrés interminables » pourrait user ma patience.
La distraction du moment aura été le bris de ma première lampe frontale, puis l’extinction de la deuxième. Je m’assois au sol pour tenter de trouver une solution en m’éclairant avec mon téléphone cellulaire. Ayant déjà eu à parcourir la dernière quinzaine de kilomètre du QMT 110, en 2019, avec un téléphone (et donc très lentement), je n’ai aucune envie de retenter l’expérience, qui plus est, pendant près de 40 kilomètres! Heureusement, j’ai de la soie dentaire et quelques piles de rechange, lesquelles s’insèrent dans un chargeur adapté. En bricolant un peu, je prie (ou j’ordonne) à ma lampe de tenir le coup jusqu’à la ligne d’arrivée. Il y aura bien quelques passages où je me concentre à mille pourcent pour éviter de m’égarer dans une noirceur très dense, presque voluptueuse. Ici et là, j’entends un animal. J’ai même l’impression de capter l’échange de « mots doux » entre un bébé et sa maman (que j’identifie comme des ours, mais je préfère ne pas tenter de vérifier). Mon téléphone cellulaire ne répond plus à l’appel, alors je ne peux que faire confiance.
La boucle du fondeur (subdivisée en deux boucles de quinze kilomètres) me paraît, somme toute, assez longue. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne cesse de visualiser des livres, des bibliothèques et encore des livres. Assez pour tenter de les chasser de mon esprit. En recroisant, pour la énième fois, les trois gars qui parlent gaiement en chemin, je continue de me dire que nous allons y arriver. Rejoindre, pour une deuxième fois. le Fondeur implique une grande vague de soulagement. Plus qu’une section à parcourir, donc, entre ce point et l’arrivée. La stratégie, en principe, consiste à relancer au maximum sur cette portion du parcours. Le terrain est assez accessible et je progresse dans une obscurité partielle. Ma lampe tient le coup, pour le moment…
Finalité
Le sentier est assez roulant, à mes yeux, puisqu’il est normalement emprunté par des vélos. L’eau chante encore au loin et je me réconforte en écoutant le bruit qu’elle émet. J’ai éventuellement besoin de m’asseoir pour mâchouiller quelque chose sans risquer de vomir parce que l’énergie – le carburant alimentaire- commence à se faire très rare. Cette deuxième nuit dans les sentiers se présente comme un gigantesque moteur pour alimenter la réflexion, les émotions, la douleur et les trop plein. Être à l’écoute et accueillir sans céder me permettent d’apprécier le filet de lumière qui me guide. Je reconnais les passages et je devine, alors que le grondement de l’eau s’accentue, que le fil d’arrivée approche.
Qui dit fin de course dit aussi surprise, au moins partielle. Deux traversées dans la rivière me rappellent que mes pieds ont envie d’avoir encore chaud. Les pas défilent en floc floc et le sentier devient route, puis piste sablonneuse. J’entends le présentateur, les encouragements colorés d’une femme qui semble bien réveillée et je perçois les lumières au pied de la montagne. Avec les oiseaux, les premières lueurs du jour (presque quatre heures du matin) et le décor, ma lampe frontale s’éteint tout doucement. Synchronisme à tout casser
Partie sans équipe de soutien officielle, sans accompagnateur et sans chrono, je franchis le fil d’arrivée en ayant la sensation d’avoir été magnifiquement accompagnée et soutenue. Comme si, malgré tous les obstacles rencontrés, des trésors de présence s’étaient présentés tout au long de ces cent soixante kilomètres. Outre l’envie de m’asseoir, celle de remercier chacune des personnes rencontrées au cours des derniers jours me submerge. Celle de me fondre sous la douche, puis de dormir lui succède, indice de la primauté des besoins. J’ai l’opportunité d’en parler avec Sangé, première et dernière personne croisée à même le terrain de jeu du QMT, vainqueur de l’épreuve. Comme un arc-en-ciel, d’un bout à l’autre, son calme éclaire.
Cent soixante kilomètre d’intensité, de calme, de brutalité, d’accordéon de sensations pour retrouver, encore, celui ou celle que nous sommes. D’une manière ou d’une autre, on y revient toujours. Les collègues masculins recroisés mille fois, les bénévoles, les accompagnateurs, l’eau glacée, le lit et les oreillers, mes intestins, mon estomac, les enfants, les chats et le chien, à la maison, me rappellent encore qu’on peut choisir d’avancer avec confiance. Une seconde à la fois, pour en faire des minutes, des heures, des journées et des années.
Cent soixante kilomètres et une boucle de ceinture