L’oeuvre des pages et des montagnes

Des jours, des semaines, puis des mois pour monter et pour redescendre des abrupts aux aspects variés en éprouvant des sensations tout aussi distinctes. Des jours, des semaines, puis des mois pour accoler des mots sur les pages blanches, prête à danser avec eux. Parallèlement, le petit matin, le jour et l’aurore n’ont de commun que la conscience que je choisis d’y déposer. Comme le vent qui circule, comme l’heure qui tourne et comme ces changements provenant d’une multitudes de choix, j’avance.

Il y a un an, ce monde qui semblait cesser de tourner me promettait une nouvelle façon d’entrevoir le détail autant que l’ensemble. Le temps ne s’était pas arrêté. Il s’était déplacé. Ainsi, j’ai éprouvé l’envie de retrouver son fil et de composer avec lui autrement. Pour hier, pour aujourd’hui et pour demain. À travers ces bouleversements, ces drames et ces petits miracles qui ont eux aussi continué de faire la roue avec la vie, le monde a changé. Et il change toujours.

Quand la roue tourne, se relier au fil, celui du temps, offre une perspective différente. Ce temps que je n’avais pas devenait le trésor garant de la suite. Celui que je tenais à préserver pour mieux respirer. Pour ressentir, autrement, le corps, le coeur et l’esprit. En faisant le choix d’entreprendre un défi, j’en entrevoyais un autre.

Quand la roue tourne, se relier au fil, celui du silence, offre une perspective différente. Ce silence dont le poids me semblait disproportionné, vibrait en tremblement de chair, en migraine, en morceaux de casse-tête qui ne s’assemblaient plus. Ce silence que je voulais briser en faisant le choix de communiquer vraiment, véritablement. Dans l’instant.

Quand la roue tourne, se relier au fil, celui de l’accueil, offre une perspective différente. Ouvrir les pages de mon cahier me permettait de retrouver la sensation de cet accueil qui réchauffe, qui réconforte et qui fait sourire, paisiblement. Entre les mots, entre les histoires, un nouvel espace était rapatrié.

Quand la roue tourne, enfin, se relier au fil, celui du défi, offre une perspective différente. Cet esprit du défi, qui transporte avec lui ses surprises, celles dont on ne sait que nos accords. Dans la foulée, entremêler les pages et les montagnes pour créer le récit d’autres temps, d’autres lieux. Pour apposer mes empreintes auprès de celles du renard, du lièvre, du lynx et du cougar. Faire de cet alliage une alliance propice à rencontrer le jour. À glisser, avec la nuit, entourée d’étoiles, de nuages, de grands vides, mais aussi de pleins qu’aucune crise n’aurait pu éviter, empêcher ou même favoriser. Parce qu’ils ont toujours existé. Parce qu’ils seront encore ici et ailleurs. Parce que c’est de vides en pleins que l’on chemine pour rencontrer l’équilibre. Et pour faire de cet équilibre un silence qui s’ébruite.

Et dans les silences ébruités, les mots reconnaissent la vie. La vie reconnait ses mots. Elle leur donne une force qui les propulse. La propulsion se mue et devient le mouvement, la roue qui tourne. La vie. La galaxie.

Entre les pages et les montagnes, le trajet parallèle prend son sens.

Jusqu’au prochain embranchement. Jusqu’à la prochaine roue.

À son aurore

À son crépuscule