Le droit au bonheur ou le bonheur à l’endroit

Happiness is Round

Reprise, presque 10 ans plus tard, des rondeurs du bonheurEnglish version below

Il y a un mois et demi que je m’assois devant l’ordinateur et que je tente d’écrire  un texte au sujet du bonheur.  Je ressens, je pense et me mets ensuite à chercher.  Chercher les mots, chercher la façon de le décrire, de traduire en phrases les perceptions qui existent au-delà de la peur.  D’une fois à l’autre, devant mon écran, je plonge: »Est-ce que c’est vrai? Est-ce que c’est vraiment vrai »?

Il arrive que les prières, les souhaits et les demandes soient exaucées.  Il arrive aussi, au moment où on le découvre, que l’incrédulité se peigne dans les visages, dans les coeurs et qu’elle avoisine les pensées.  On écrit au Père Noël – il nous répond.  On prie à l’intention d’une personne à qui on souhaite le bonheur – elle entre en floraison.  On accompagne, en pensée, le passage d’une connaissance d’un monde à un autre – celui-ci s’opère, en douceur.  Du coeur de soi à l’ailleurs, les chemins se tracent et il se passe l’occasion de vivre la vie sous un jour éclairé, brillant, vibrant.  Dans le quotidien, dans les secondes où on respire, dans les espace où on prend le temps de retrouver ce qui nous anime, la présence guide.  L’amour vibre.  Et le bonheur s’installe.

Il possède un goût particulier.  Il est unique.  Il peut être plein, vide, petit, moyen, grand ou alors immense.  On choisit d’y  toucher ou de prendre sa main lorsqu’on se sent prêt à avancer enfin avec lui.  Chaque jour, il tarde d’y mettre du sien, de marcher avec ce bonheur afin de le ressentir encore plus, de le voir, de l’intégrer.  Et chaque jour, on peut douter.  Le bonheur a un son, une odeur, une chaleur, un rythme.  C’est un corps pouvant se greffer au nôtre et qui respire en symbiose avec celui que nous avons emprunté.  Il bouge.  Il danse. Il nous rappelle combien nous sommes choyés de pouvoir marcher ici et de reconnaître le soleil ainsi que la pluie comme des bénédictions.  Il est rond, le bonheur.

Je l’ai vu, l’ai croisé à maintes reprises.  Au passage, je l’ai contemplé.  Je lui ai parlé, l’ai caressé sans oser le faire mien, ancré, complet.  « Est-ce que c’est vrai? Est-ce que c’est vraiment vrai``?  Souvent, j’ai préféré remettre le flambeau à ceux qui le réclamaient parce que moi, je pouvais attendre.  Parce que le besoin était si criant qu’il ne me semblait pas acceptable de le saisir à bras-le-corps.  Il fallait le faire circuler.  Et si, justement, le bonheur prenait de l’ampleur, se multipliait et se décuplait lorsqu’on choisissait de s’en habiller?  Une évidence, semble-t-il, et pourtant…

Lorsqu’il frappe à la porte, lorsque le train arrive, carte d’embarquement en main, on peut se dire qu’on a le temps de réfléchir et, s’il advenait qu’il passe sans s’arrêter, qu’une navette tardive pourrait nous attendre.  Ce qui est vrai.  On aura alors toujours le choix de poser sa valise, de s’asseoir, de s’endormir sur place ou encore de retourner à la maison en attendant la prochaine tournée.   En attendant le bonheur.

J’y ai cru.  En attendant, moi aussi.   J’ai attendu, longtemps, oubliant que sa racine et son pouls m’appartenaient depuis leur première origine .  Et voilà qu’un jour, le bonheur est revenu en  m’offrant de regarder la vie avec ses yeux.  À nouveau, j’ai eu peur.  J’ai observé les regards, les choix peints dans leurs profondeurs.  J’ai écouté les sourires, leurs silences, les souffles dont ils accompagnent l’ondulation.  J’ai contemplé les mains, leur force, prolongements d’un corps à qui tout peut être possible.  De part et d’autre, je me suis reconnue.  De détail en indice, j’ai vu.  Mais il m’arrive de craindre encore.  Le bonheur, surtout.

Vulnérable, je retrouve la main qu’il me tend dans un contact renouvelé, en faisant de son corps et du mien un espace dense, propice à étendre sa portée à tous les maintenant.  Il se manifeste  sous forme d’ancrage, de voix, de chemin.  Et alors  j’écoute, car le bonheur me surprend toujours.

English version – Hapiness is Round

For the past month and a half, I’ve been sitting at my computer, trying to write something meaninful about happiness.  Going with feelings, then listening and looking around.  Searching for words, searching for a way to describe it, to translate into sentences the perceptions lingering beyond fear.  Time after time, in front of my screen, I dive in: « Is it true? Is it really true? »

Sometimes prayers, wishes and requests find answers.  Sometimes, just as we discover it, disbelief creeps into our faces, our hearts and our thoughts.  We write to Santa – he writes back.  We pray for someone to whom we wish happiness – they blossom.  We accompany, with our thoughts, the passage of an someone we know from one world to another – it takes place, gently.  From the heart of oneself to elsewhere, paths are traced and the opportunity arises to experience life in a brighter, more brilliant, more vibrant quality of light.  In everyday life, while we breathe in seconds, held in spaces welcoming us to rediscover what animates us, presence guides.  Love vibrates.  And happiness settles in.

Its taste is peliculiar.  Unique.  It can appear in many shapes and forms.  We choose toreach for it, to hold its hand when we feel ready to finally move forward with it.  Every day, we can’t wait to put our feet on the ground, to walk with this happiness, to feel, see, and integrate it even more.  And every day, there’s room for doubt.  Happiness comes with a sound, a smell, a warmth, a rhythm.  Its body can be imbeded in our own, breathing in symbiosis with the one we’ve already borrowed. It moves. It dances. It reminds us how blessed we are to be able to walk here and to recognize the sun along with the rain as blessings. Happiness is round.

I’ve seen it, and crossed paths with it many times.  I’ve contemplated it in passing.  I’ve talked to it, caressed it without daring to make it mine, rooted, complete. « Is it true? Is it really true?  I often preferred to pass the flame on to those who wanted it, because I could wait. Because the need was so obvious that it didn’t seem acceptable to grasp it head-on. It had to be passed on. And what if, in fact, happiness grew, multiplied and multiplied tenfold when we chose to wear it? Seems obvious, yet…

When the train arrives, boarding pass in hand, we can tell ourselves that we have time to think and, should it pass without stopping, that a late shuttle could be waiting for us. Which is true. Then we’ll always have options: we can put our suitcase on the ground, sit down, fall asleep on the spot, or go home and wait for the next tour. Waiting for happiness.

I believed it. Waiting, I too. I waited, for a long time, forgetting that its root and its pulse had belonged to me from their very origin. And then, one day, happiness returned, offering me to look at life through its eyes. Again, I was afraid. I stared at the eyes, the choices painted in their depths. I listened to the smiles, their silences, the breaths whose ripples they accompany. I contemplated the hands, their strength, continuations of a body that can make anything possible. On both sides, I recognized myself. From detail to clue, I saw. But sometimes I’m still afraid. Of happiness, above all.

Vulnerable, I find the hand he holds out to me in renewed contact, making his body and mine one dense space, primed to extend its reach to all nows. It manifests itself as an anchor, a voice, a path. Then I listen, because happiness always takes me by surprise.