Choisir d’ignorer ou le traitement par le silence / Ignoring as a Violence or The Silent Treatment

« Le pire péché envers nos semblables, ce n’est pas de les haïr, mais de les traiter avec indifférence; c’est là l’essence de l’inhumanité. »

“The worst sin to our fellow creatures is not to hate them, but to be indifferent to them: that is the essence of inhumanity.”

George Bernard Shaw-

Choisir d’ignorer plutôt que de communiquer, éviter l’interaction plutôt que d’y faire face, faire silence, sciemment, font partie de ces violences qui existent encore. Nos médias sociaux y ont contribué et, comme le disent certains, il est beaucoup plus facile d’éviter la communication – à première vue – que de risquer de grandir avec elle. Mais ce phénomène n’a rien de nouveau, puisqu’il respire depuis aussi longtemps que les premiers êtres vivants (Adam et Ève?). Pourquoi? Parce que grandir, apprendre, s’éveiller et ouvrir les yeux impliquent travail, effort, possibles remises en question et réflexions que tous.es ne sont pas nécessairement prêts.es à entreprendre, entre autres choses. Nous sommes humains et donc, le libre-arbitre fait partie du jeu. Erreurs et bons coups confondus.

Souvent – trop souvent – nous préférons « fermer la lumière ». Comme on demande à nos enfants de cesser de pleurer, aux clientèles vulnérables de garder silence ou aux ainés d’attendre patiemment. Aux femmes de se taire, aux gens qui ne nous ressemblent pas de demeurer à l’écart. On bloque. On « ghost », comme disent les jeunes. Facile. Mais est-ce vraiment satisfaisant? Qu’en retire-t-on? Que fait-on pousser dans son jardin, en l’occurrence?

Choisir d’ignorer équivaut à heurter physiquement quelqu’un. Une violence comme une autre. Une habitude comme une autre… Commune. Ainsi, de la cellule familiale au milieu social, du milieu d’éducation aux plateformes en ligne, de la sphère professionnelle aux espaces de communication moins formels, le traitement du silence étend, lentement, son message comme la racine du trauma. Trauma silencieux, trauma invisible, trauma malade. Jusqu’à ce que l’on choisisse de le sortir de terre pour que puissent pousser les trésors que l’on choisi et que l’on tient, consciemment, à cultiver.

Ces trésors à partager, à communiquer, à laisser briller avec un regard porté sur l’instant, sur demain, grand ouvert. Sur l’hier aussi, avec la compassion que nous aurons le courage et la présence d’offrir en bouquet à ces dynamiques d’ignorance, de silence qui pèsent lourd. Beaucoup trop lourd…

Et avec légèreté, détricoter le trauma. Faire, de ses fibres, un nouveau cadeau: l’ouverture. La franchise et la droiture. Exprimer, dire, écrire, illustrer. Trouver des voies pour communiquer, pour jardiner, pour être Humain.e, autrement.

Extrait, The Atlantic (Daryl Austin):

« L’ostracisme social est une punition courante depuis des millénaires. Le silence imposé porte de nombreux noms : évitement, isolement social, refus d’obtempérer, ghosting. Bien que les psychologues aient des définitions nuancées pour chaque terme, il s’agit essentiellement de formes d’ostracisme. Et cette tactique n’est pas nouvelle. Les Grecs de l’Antiquité expulsaient pendant dix ans les citoyens considérés comme une menace pour la démocratie, et les premiers colons américains bannissaient les personnes accusées de pratiquer la sorcellerie. Les religions ont exclu des individus pendant des siècles : Les catholiques parlent d’excommunication, le herem est la plus haute forme de punition dans le judaïsme, et les Amish pratiquent le Meidung. L’Église de Scientologie recommande la « déconnexion » totale de toute personne jugée antagoniste envers la religion.


Chaque nouvelle méthode de connexion peut être utilisée comme une forme de déconnexion. Les gens choisissent le silence parce qu’ils peuvent s’en tirer sans avoir l’air de maltraiter les autres et parce que c’est très efficace pour que la personne ciblée se sente mal. Le silence imposé est une forme particulièrement insidieuse d’abus. Le silence imposé pourrait être employé par les types de personnalité passive pour éviter le conflit et la confrontation, tandis que les types de personnalité forte l’utilisent pour punir ou contrôler. Certaines personnes peuvent également en faire usage sans en avoir conscience. Une personne peut être submergée par des sentiments qu’elle ne peut exprimer avec des mots, alors elle se tait. Un autre équivalent de sables mouvants psychologiques ».

Traduction libre

Souhaitons-nous d’oser éclairer respectivement nos chemins plutôt que de faire le choix d’ignorer et d’astreindre au silence.

Choosing to ignore rather than communicate, avoiding interaction rather than facing it, being silent, knowingly, are some of the violence that still exists. Our social media has contributed to this and, as some say, it is much easier to avoid communication – at first glance – than to risk growing up with it. But this phenomenon is nothing new, as it has been breathing for as long as the first living beings (Adam and Eve?). Why is it so? Because growing, learning, waking up and opening our eyes implies work, effort, possible questioning and reflections that not everyone is necessarily ready to undertake, among other things. We are human and therefore, free will is part of the game. Mistakes and good moves mixed together.

Often – too often – we prefer to « turn off the light. » As we ask our children to stop crying, vulnerable ones to remain silent, or elders to patiently wait . Women are asked to keep quiet, people who don’t look like us to stay away. We shut them down. We « ghost », as the kids say. It’s easy. But is it really satisfying? What do we get out of it? What do we grow in our garden, for that matter?

Choosing to ignore is equivalent to physically hurting someone. A violence like any other. A habit like any other… Common. Thus, from the family unit to social circles, from the educational environment to online platforms, from the professional sphere to less formal communication spaces, the treatment of silence extends, slowly, its message as the root of trauma. Silent trauma, invisible trauma, sick trauma. Until we choose to pull it out of the ground so that the treasures we choose and consciously care to cultivate can grow.

These treasures to be shared, to be communicated, to be allowed to shine with an eye on the moment, on tomorrow, wide open. On yesterday too, with the compassion that we will have the courage and presence to offer as a bouquet to these dynamics of ignorance, of silence that weigh heavy. Much too heavy…

And with lightness, unravel the trauma. To make, from its fibers, a new gift: openness. Openness and straightforwardness. Expressing, saying, writing, illustrating. Find ways to communicate, to garden, to be Human, differently.

A piece from The Atlantic (Daryl Austin):

« Social ostracism has been a common punishment for millennia. The silent treatment goes by many names: shunning, social isolation, stonewalling, ghosting. Although psychologists have nuanced definitions for each term, they are all essentially forms of ostracism. And the tactic is nothing new. Ancient Greeks expelled for 10 years citizens who were thought to be a threat to democracy, and early American settlers banished people accused of practicing witchcraft. Religions have frozen out individuals for centuries: Catholics call it excommunication, herem is the highest form of punishment in Judaism, and the Amish practice Meidung. The Church of Scientology recommends total “disconnection” from anyone deemed antagonistic toward the religion. Every new method of connection can be used as a form of disconnection.

People use the silent treatment because they can get away with it without looking abusive to others and because it’s highly effective in making the targeted individual feel bad.

The silent treatment might be employed by passive personality types to avoid conflict and confrontation, while strong personality types use it to punish or control. Some people may not even consciously choose it at all. A person may be flooded with feelings they can’t put into words, so they just shut down. It’s psychological quicksand.”

May we dare to light each other’s way instead of going for the silent treatment.

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